La France sera-t-elle privée d’électricité cet hiver ? Le gestionnaire du réseau de transport d’électricité RTE a livré mercredi 14 septembre des prévisions très attendues pour la période du 15 octobre au 15 avril 2023, le risque sur la sécurité d’approvisionnement se faisant jour depuis l’automne. Dans un contexte inédit caractérisé par des paniques sur les prix de l’énergie, des tensions d’approvisionnement en gaz liées à la guerre en Ukraine et une indisponibilité record du parc nucléaire, le président du directoire de RTE, Xavier Piechaczyk, place le système en “vigilance accrue” – un niveau jamais atteint auparavant – et ne n’exclut pas le recours à des délestages temporaires, appelés « délestage », pour certains particuliers ou entreprises. Lire la démystification : Pourquoi le prix de l’électricité dépend de celui du gaz naturel et autres questions sur les futures factures
Cependant, il assure que la mise en place de mesures de sobriété et une “mobilisation générale” en cas de tension particulièrement forte dans le réseau devraient permettre d’éviter d’en arriver là. Pour évaluer le risque de coupures, RTE présente un indicateur : le nombre de jours pendant lesquels une « alerte rouge Ecowatt » pourrait être envoyée. « Un signal rouge d’Ecowatt, précise Xavier Piechaczyk, c’est RTE qui dit : dans trois jours, nous organiserons des coupures, à moins que les entreprises, les collectivités et les ménages ne répondent et ne fassent des gestes au bon moment. Ce n’est donc pas un délestage automatique. » Lire l’interview : Article destiné à nos abonnés “Les prix du marché de l’électricité ne reposent pas sur des preuves rationnelles”
Selon les analyses de RTE, le nombre d’alertes devrait, dans la grande majorité des scénarios étudiés, être compris entre zéro et cinq. “Ce n’est rien, mais ce n’est pas très important sur six mois”, insiste M. Piechaczyk. Pour parvenir à ces conclusions, RTE a évalué les principaux facteurs d’incertitude affectant l’approvisionnement en électricité. Le premier concerne la disponibilité du parc nucléaire, dont la production est à son plus bas niveau depuis trente ans. Lundi 12 septembre, vingt-huit des cinquante-six réacteurs ont été mis à l’arrêt, la grande majorité pour des travaux de maintenance et pour vérifier des problèmes de corrosion (fissures dans les tubes des réacteurs).

Deux cents chroniques météorologiques

Officiellement, EDF a prévu de redémarrer toutes les tranches fermées d’ici mi-février 2023. Dans son option la plus optimiste, sans risque ni échéancier significatif, RTE estime que 40 gigawatts (GW) pourraient être disponibles d’ici le 1er décembre et 50 GW au 1er janvier, sur une capacité totale de 61,5 GW. « Cela correspond au maximum technique encore accessible, explique Xavier Piechaczyk. Il est encore possible d’atteindre ce niveau de disponibilité, mais il ne devrait plus y avoir de risques à ce jour. Dans le scénario central, en revanche, qui prend en compte les chances de remise en service de chaque réacteur plus tard que prévu, la disponibilité serait bien inférieure, à 38 GW début décembre et 45 GW début janvier. Il vous reste 61,18% de cet article à lire. Ce qui suit est réservé aux abonnés.