Le moine bouddhiste Matthieu Ricard, conseiller et interprète du Dalaï Lama, est intervenu ce matin sur France Inter dans l’émission de Sonia Devillers Magma. Il a tenu à réagir aux commentaires des invités de la veille, les monteurs du documentaire Arte “Le bouddhisme, la loi du silence” d’Elodie Emery et Wandrille Lanos diffusé mardi soir. Ils dénoncent de nombreux abus avec humiliations, violences et viols commis à l’intérieur des centres bouddhistes, mais aussi le silence des autorités bouddhistes tibétaines qui sont longtemps restées muettes sur ces questions. Elodie Emery, journaliste, a enquêté sur les dérives des communautés bouddhistes : “En 1993, une vingtaine d’enseignants bouddhistes, tous occidentaux, ont expliqué au Dalaï Lama qu’ils avaient de sérieux problèmes avec certains enseignants” #MagMa pic. twitter.com/roiPcEsNLx — France Inter (@franceinter) 13 septembre 2022 Interrogé pour ce documentaire, Matthieu Ricard avait demandé que son interview soit définitivement retirée. Il a donc réagi ce mercredi au téléphone depuis la Dordogne. Il a d’abord rappelé que “le bouddhisme est comme beaucoup de communautés humaines”, évoquant la crise de l’Eglise catholique où de nombreux cas d’abus ont été révélés, “et il est bénéfique de dénoncer ces dérives”. Il a affirmé avoir “répondu, signalé ces comportements et fourni des documents” lorsque les victimes ont été contactées. Le journaliste lui a demandé pourquoi le Dalaï Lama était resté si longtemps absent et n’avait pas repris le même travail que dans l’Église catholique. “Nous n’avons pas d’autorité centrale, tous les centres sont indépendants”, a-t-il dit. Nous aurions dû être plus proactifs plus tôt “J’ai acquis une certaine notoriété grâce à mes livres, je ne me rendais pas compte qu’en même temps je gagnais aussi une certaine responsabilité pour parler de ces écarts”, a déclaré celui qui s’affiche régulièrement avec le Dalaï Lama depuis plusieurs années. Il a reconnu qu’ils manquaient “de hiérarchie, de garde-fous et de structure”. Et de préciser : “les structures sont indépendantes, pourquoi devrions-nous aller intervenir sur ce qui se passe ailleurs. Le Dalaï Lama ne peut pas être au courant de ce qui se passe dans le monde”. Cependant, il a convenu que “nous devrions être plus proactifs, plus tôt”. L’enquête retrace également le parcours du Belge Robert Spatz, dit Lama Kunzang Dorje, fondateur du premier centre bouddhiste tibétain de France et d’Europe, condamné à cinq ans de prison avec sursis en 2020 par la justice belge et les exactions qui y ont été commises. commis dans divers centres fondés par le lama tibétain Sogyal Rinpoché (1947-2019). Le bouddhisme est considéré comme une religion et une philosophie avec de nombreuses écoles et courants, c’est la 4ème religion mondiale.