Simone Dalla Bella 1 crédit Et si écouter de la musique sur l’écran d’un téléphone portable pouvait améliorer la qualité de vie des personnes atteintes de la maladie de Parkinson ? C’est l’idée audacieuse de Simone Dalla Bella, professeure au Département de psychologie de l’Université de Montréal et codirectrice du Laboratoire international de recherche sur le cerveau, la musique et le son. Le professeur s’intéresse aux mécanismes cognitifs et neuronaux qui déterminent la perception et la performance musicales. Dans une étude récente, il a montré, avec son doctorant Frédéric Puyjarinet, que l’entraînement rythmique améliore les capacités motrices des patients parkinsoniens, notamment la fluidité de la marche et de la parole. “Considérée comme le trouble du mouvement le plus courant, la maladie de Parkinson est souvent associée à des troubles de la marche et de l’équilibre, mais aussi des capacités rythmiques, de la capacité à percevoir le rythme de la musique et à taper ce rythme avec la main ou le pied, explique le chercheur. . L’idée est donc d’entraîner ces capacités rythmiques déficientes pour améliorer la motricité en général.
Le cerveau fonctionne dans toute sa complexité
Alors, comment un simple tapotement du doigt sur un rythme musical peut-il affecter la marche ou la parole ? « En réalisant cette tâche très simple, on engage un ensemble d’aires cérébrales dites profondes, comme les ganglions de la base et le cervelet, qui interagissent avec des aires corticales impliquées dans le contrôle des mouvements », poursuit Simone Dalla Bella. Dans plusieurs études, ces zones se sont avérées activées lors de l’écoute de musique très rythmée, même si la personne ne bouge pas du tout. Cela suggère que lorsque le cerveau traite le rythme dans l’environnement auditif, il active simultanément les zones motrices. Donc, si vous entraînez des habiletés rythmiques, vous pouvez voir des avantages dans d’autres habiletés motrices au-delà de ce que vous entraînez initialement.” C’est un effet de transfert, explique le chercheur. Il facilite la plasticité cérébrale des zones cérébrales dédiées au rythme, mais comme il s’agit d’un système nerveux central, d’autres canaux moteurs sont également améliorés. “Après l’entraînement rythmique, la parole des patients était plus régulière, même si cette fonction n’était pas du tout exercée”, ajoute-t-il.
Le jeu comme outil flexible et accessible
Pour arriver à ces résultats, Simone Dalla Bella et son équipe ont conçu une application mobile, un “serious game” dans lequel l’utilisateur doit appuyer sur l’écran au rythme de la musique pour construire un bâtiment. Plus le mouvement des doigts s’aligne sur le rythme de la musique, plus le bâtiment est construit rapidement et efficacement. Appelée Rhythm Workers, l’application a d’abord été conçue dans le cadre de la téléréadaptation pour les patients atteints de la maladie de Parkinson. Cependant, l’équipe de recherche, formée des doctorants Hugo Laflamme et Kevin Jamey, évalue actuellement son efficacité et sa pertinence chez les enfants atteints de troubles neurodéveloppementaux (trouble du spectre autistique, trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité, etc.). L’hypothèse testée est donc la même : en stimulant le système rythmique central, de nombreuses régions cérébrales sont indirectement impliquées, qui sont notamment associées au traitement moteur et à certaines fonctions cognitives telles que l’attention, la flexibilité dans l’exécution des tâches et la capacité d’inhibition (la capacité passer d’une tâche à l’autre). Cette technique d’intervention a donc le potentiel d’être utilisée à domicile pour soutenir les fonctions cérébrales et améliorer le bien-être d’un grand groupe de personnes, en plus d’être amusante, non pharmacologique et peu coûteuse.