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Comment et pourquoi nos enfants ont-ils disparu des rues de la ville ? Nous avons posé la question à quatre experts d’horizons différents. Thierry Paquot est philosophe. Il a écrit plusieurs livres traitant de la place des enfants dans le monde et dans la ville, dont le plus récent, Pays de l’enfance (Terre urbaine, 254 pages, 20 €). Clément Rivière est maître de conférences en sociologie à l’université de Lille, auteur du livre Leurs enfants à la ville. Enquête auprès des parents à Paris et Milan (Presses universitaires de Lyon, 2021). Anne-Marie Rodenas a fondé Cafézoïde – Café des enfants à Paris 19e, qui fête ses 20 ans le 18 septembre. Un espace coopératif où tous les enfants de 0 à 16 ans sont libres de venir jouer, discuter, travailler comme ils le souhaitent. Serge Tisseron est psychiatre et psychanalyste, membre de l’Académie des technologies. Le déni ou l’usine de l’aveuglement (Albin Michel, 256 pages, 21,90 €) vient de sortir.

Les enfants de la ville sont-ils devenus des enfants d’intérieur ?

Thierry Paquot Oui. Ils sont devenus les enfants d’un intérieur qui n’est pas forcément celui de l’appartement mais celui des activités extrascolaires : conservatoire, sports, arts plastiques… Ils ressortent pour être à nouveau enfermés. Les enfants sont limités. Depuis deux ans, le mot est un peu exagéré, mais c’est comme ça. C’est une évolution qui concerne l’ensemble de la société. Il faut absolument profiter du temps. Adultes et enfants ont perdu l’usage du temps pour personne : du temps pour rien, comme l’ennui, l’attente, la sieste. Ces temps morts sont très précieux, mais ils sont stigmatisés par la société de l’efficacité. Vous avez lu 84,65% de cet article. Ce qui suit est réservé aux abonnés.