Publié à 13h07 Mis à jour à 13h27
Joël-Denis Bellavance La Presse
La campagne auprès des membres du parti dans la circonscription de Richmond-Arthabaska a pris la forme d’un texto envoyé sur l’heure du midi mercredi. « ALERTE : Votre député Alain Rayes vient de quitter le Parti conservateur. Il a décidé de ne pas combattre l’inflation de Trudeau avec l’équipe unie de Pierre Poilievre. Alain, appelez à son bureau dès maintenant et dites-lui de démissionner de son poste de député », lit-on dans le texto obtenu par La Presse. Le texto comprend le numéro de téléphone du bureau de circonscription de M. Rayes. « C’est dégueulasse », s’est exclamé au bout du fil Alain Rayes, joint par La Presse. « C’est tout simplement incroyable. Je n’en reviens pas. Pierre Poilievre vient de confirmer encore une fois que j’ai pris la bonne décision en quittant le parti. Je veux plus de politique comme cela. Je n’en reviens tout simplement pas de ce qu’ils sont en train de faire. J’invite mes confrères du Québec à se tenir debout et à dénoncer ce type de chose », a déclaré M. Rayes. Au moment d’écrire ces lignes, les employés du bureau de M. Rayes avaient pris quelques appels seulement sur l’heure du dîner. Sur une vingtaine d’appels, 19 personnes ont donné leur appui à Alain Rayes. Une seule personne a indiqué qu’elle endosse Pierre Poilievre. « Ils prennent l’argent des membres du parti pour lancer une telle campagne et ensevelir ma boîte vocale. Ils veulent empêcher mes employés de faire leur travail pour soutenir les citoyens de ma circonscription. Pierre Poilievre pratique la politique de la terre brûlée. C’est clair », a ajouté M. Rayes. Au moment d’écrire ces lignes, La Presse n’a pu obtenir les commentaires du nouveau lieutenant politique de Pierre Poilievre au Québec, Pierre Paul-Hus, ou du bureau du chef conservateur. Sur les ondes de Radio-Canada, à l’émission Midi Info animée par Alec Castonguay, M. Paul-Hus a toutefois affirmé qu’il n’y avait pas de campagne organisée contre M. Rayes. Mardi, M. Rayes a claqué la porte du Parti conservateur et annoncé qu’il siégera comme député indépendant de Richmond-Arthabaska à la Chambre des communes après avoir été élu sous la bannière conservatrice pour la première fois en 2015. « Je ne me retrouve plus à l’intérieur de ma propre formation politique dans laquelle je me suis investi depuis maintenant sept ans », a affirmé M. Rayes, dans une vidéo adressée à ses commettants qu’il a publiée sur les médias sociaux. « Il y a des enjeux, il y a des valeurs, il y a des convictions sur lesquelles pour moi je ne peux faire aucun compromis », a ajouté M. Rayes, qui a jeté son dévolu sur l’ancien premier ministre du Québec Jean Charest durant la course au leadership. Parmi ces enjeux, il a noté le respect de la loi et l’ordre, la protection des institutions canadiennes, la lutte aux changements climatiques et la saine gestion des finances publiques, entre autres choses. M. Rayes, qui a été lieutenant politique au Québec de l’ancien chef conservateur Andrew Scheer et a repris ces fonctions sous la houlette d’Erin O’Toole après les dernières élections fédérales, a indiqué n’avoir « aucune intention » de grossir les rangs des libéraux de Justin Trudeau ou de participer à la création d’un autre parti politique. M. Poilievre a réagi mardi en affirmant que M. Rayes avait décidé de ne pas participer au combat qu’il mène contre l’inflation. « Il [M. Rayes] a décidé de ne pas combattre l’inflation de Justin Trudeau. Nous travaillons pour combattre les déficits et les taxes inflationnistes qu’impose Justin Trudeau. Les citoyens du comté d’Alain Rayes sont d’accord. Ils ont voté pour moi durant la course à la chefferie. Et je pense que tous les conservateurs qui restent sont du même avis. Lundi, M. Poilievre a tendu une perche aux députés du Québec, qui se sont rangés majoritairement dans le camp de Jean Charest durant la course, en effectuant une visite surprise à la réunion du caucus du Québec, avant le caucus national. Cette visite a été saluée par l’ensemble des élus et des sénateurs du Québec comme étant une volonté sincère du chef conservateur de prendre les moyens de faire l’unité des troupes. Toutefois, Alain Rayes n’était pas présent à la rencontre du caucus du Québec ni à celle du caucus national, alimentant ainsi les discussions de corridor sur son avenir.