Vêtue d’une veste jaune et d’une blouse bleue, Ursula von der Leyen avait, pour l’occasion, adopté les couleurs de l’Ukraine, assorties à celles du drapeau européen. La preuve par l’image que la guerre menée par la Russie était au cœur du discours sur l’état de l’Union que la présidente de la Commission européenne, a livré, mercredi 14 septembre, devant le Parlement de Strasbourg. Quelques heures avant de se rendre, pour la troisième fois, à Kiev, l’ex-ministre d’Angela Merkel voulait montrer une Europe prête à accueillir l’Ukraine, qui a obtenu le statut de candidate à l’adhésion en juin. Les échanges au sein de l’hémicycle étaient d’ailleurs exceptionnellement traduits dans la langue de Volodymyr Zelensky, et l’épouse du président ukrainien, Olena Zelenska, y assistait. Au-delà des symboles, les annonces d’Ursula von der Leyen n’étaient sans doute pas à la hauteur des espérances de Kiev. A aucun moment, elle ne s’est engagée sur de nouvelles sanctions contre Moscou, ni sur le déblocage de nouvelles aides militaires. L’Ukraine fait « partie de notre famille », a-t-elle lancé, sans se montrer plus concrète sur le chemin qui attend Kiev avant de pouvoir rejoindre l’Union européenne (UE). Il faut en finir avec « les discours du dimanche », a jugé Manfred Weber, le président du groupe Parti populaire européen au Parlement, « il nous faut un hiver de solidarité. La solidarité avant tout avec l’Ukraine. Plus d’armes, plus d’argent, plus de solidarité ».
Rassurer les Européens
En réalité, mercredi, Ursula von der Leyen s’adressait d’abord aux Européens, alors que la guerre menace la croissance retrouvée après la pandémie du Covid-19 et fait flamber les prix. Dans ce contexte, elle sait qu’il lui faut d’abord rassurer ses concitoyens d’autant que certains partis populistes font porter à l’action européenne la responsabilité de la crise énergétique et de la récession qui s’annonce.
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« C’est une guerre qui porte sur nos valeurs et notre avenir », a lancé la présidente de la Commission, avant de défendre le bilan des sanctions, qui ont mis « en lambeaux » l’industrie russe. « L’armée russe récupère des puces sur des lave-vaisselle et des réfrigérateurs pour réparer son matériel militaire, car elle est à court de semi-conducteurs », a-t-elle notamment illustré.
C’est Vladimir Poutine qui « manipule » le marché de l’énergie et fait artificiellement gonfler les prix, a-t-elle poursuivi. Pour autant, les Européens ne peuvent s’arrêter à ce constat s’ils veulent gagner la guerre de l’opinion et, surtout, éviter une fronde sociale doublée d’une lourde récession. Ursula von der Leyen est donc revenue, mercredi, sur la manière dont la Commission comptait lutter contre la hausse des factures de gaz et d’électricité.
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