Crise énergétique, guerre en Ukraine, État de droit… La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a abordé de nombreux sujets lors de son discours sur l’état de l’Union, mercredi 14 septembre.  Et ils n’ont pas manqué de faire réagir les eurodéputés présents à l’Hémicycle.                

C’est avec Manon Aubry, eurodéputée LFI, que les échanges ont été les plus houleux. Après le discours de Mme von der Leyen, la Française s’est adressée au Demi-cercle avec une série de factures envoyées par des citoyens. Et chacun d’eux a été témoin de la hausse des prix de l’électricité et du gaz naturel. “Cette crise n’est pas seulement le résultat de la terrible guerre en Ukraine et du chantage ignoble de Vladimir Poutine, c’est aussi le produit d’un système économique dont vous devez maintenant reconnaître les failles”, a accusé Mme Aubrey. Une confrontation qui a poussé le président de la Commission à répondre : « Madame Aubry, les factures que vous nous avez montrées, oui, elles sont ‘insupportables’, c’est vrai. Mais tu sais quoi? Envoyez ces factures à Moscou, c’est là que se trouve le directeur”, a répondu Ursula von der Leyen. Il a également affirmé avoir avancé des propositions pour freiner la hausse des prix du gaz et de l’électricité, notamment en limitant les “super profits” des groupes énergétiques et en réduisant la consommation de l’UE pendant les périodes de pointe. ► À lire aussi : Face à la crise énergétique, Ursula von der Leyen fait ses propositions pour réduire les factures

“Le correctif ne suffira pas”

Pour Manon Aubry, cela ne suffit pas. « Cette taxation ne doit pas se limiter aux énergies fossiles. Elle doit concerner toutes les entreprises qui ont profité de la crise : celles du luxe comme LVMH, du transport maritime de marchandises comme CMA-CGM, du secteur bancaire comme la BNP… De nombreuses multinationales ont fait des super profits, pas seulement dans le secteur de l’énergie », a-t-il soutenu, critiquant une Europe qui « croise les doigts pour qu’il n’y ait pas trop de pannes cet hiver et que les gens aient juste les moyens de se réchauffer ou de s’éclairer ». « Le correctif ne suffira pas. Nous devons geler les prix aux niveaux d’avant la crise et retirer l’énergie du marché, car il s’agit d’un bien public. La clarté, tardive et partielle, ne suffit pas, Madame Von der Leyen, encore faut-il être cohérent”, a ajouté Madame Aubrey.

Impôt sur les plus-values ​​ou « prélèvement extraordinaire » ?

Tous les eurodéputés n’étaient pas aussi loquaces. José Manuel Fernandes, eurodéputé portugais du PPE, estime que les mesures annoncées par le président “sont un pas dans la bonne direction”. Les États membres doivent encore parvenir à un accord. Toutes ces mesures sont approuvées par le Parlement, mais la situation se complique au Conseil européen.

                    José Manuel Fernandes, eurodéputé portugais du PPE         

Yannick Jadot, député écologiste, également français, semble satisfait. Quand certains reprochent au président de la Commission d’utiliser de nombreux termes et non “imposition des bénéfices excédentaires”, il opère une habile manœuvre : “Si Mme Von der Leyen parlait d’imposition, il faudrait l’unanimité des États membres pour parvenir à un accord. . En parlant de grande contribution, cela vous permet de naviguer dans un système avec la majorité des États. » ►À lire aussi : Réforme du marché européen de l’électricité : “140 milliards, c’est une estimation”

règle de loi

M. Jadot est bien conscient que pour en arriver là, la route est encore longue. « On voit bien qu’on est un peu sur une ligne de crête. Mais j’ai le sentiment que personne ne veut d’un black-out européen et personne ne veut donner des milliards d’euros pour importer du gaz naturel ou du pétrole russe”, ajoute-t-il au micro de RFI. Ainsi, la crise énergétique et la guerre en Ukraine ont dominé les discussions ce mercredi à Strasbourg. Mauvaise chose, déplore Ernest Urtason, eurodéputé écologiste. “On s’attendait à des mots plus forts pour défendre les droits fondamentaux. Quand on voit ce qui se passe, par exemple, avec la restriction du droit à l’avortement en Hongrie, cela nous inquiète beaucoup”, explique-t-il, selon Euronews. Un avis que ne partage pas Nicolas Bay, député européen français du Rassemblement national. Il a riposté après le discours pour prendre la défense d’une Hongrie qu’il a qualifiée d’”agressée injustement”. J’ai pris la parole il y a quelques instants dans l’hémicycle du Parlement européen pour défendre la Hongrie de Viktor Orbán, injustement, une fois de plus, attaquée par Bruxelles. #PlenPE pic.twitter.com/RlXeaT5Wye – Nicolas Bay (@NicolasBay_) 14 septembre 2022