Pendant deux heures, au fond d’une cave, il a été torturé. Une épreuve dont il ne veut plus parler. “Je veux mettre tout ça derrière moi”, affirme-t-il. La rivalité avec Beauvais, Aylan en avait entendu parler, comme beaucoup de Méruviens, mais il n’en ressentait aucune inquiétude particulière. Pendant que les agresseurs le frappaient, Aylan raconte qu’il répétait sans cesse la même phrase : « Je ne suis pas dans ces histoires ! »

“Surtout mon oreille me fait mal”

Quatre personnes, dont trois mineurs, ont été interpellées et placées en garde à vue, selon la procureure de Beauvais Caroline Tharo. Une avancée décisive dans la recherche, même si les investigations se poursuivent. À ce stade, Aylan commente brièvement : « Je veux juste les voir en prison. » Épuisé nerveusement, l’adolescent dort beaucoup depuis lundi, jour où il a pu rentrer chez lui après son séjour à l’hôpital. “La plupart du temps, j’ai mal à l’oreille”, dit-il. “Il a été déchiré et il est complètement abîmé et déformé, souligne Hakim, son père. Il est obligé de suivre un traitement ALD (état à long terme) pour réparer les dégâts. » Avant tout, Aylan aspire à retrouver une vie aussi normale que possible. “Je veux pouvoir passer et réussir le bac”, confie-t-il. En revanche, il n’est plus question pour lui de “remettre les pieds à Beauvais”, ni d’aller “dans un internat”. « Je vais voir comment il peut faire ses devoirs, annonce son père. Il n’est pas en état de reprendre l’école normale avant plusieurs semaines. Ensuite j’espère obtenir une dispense pour l’inscrire à Cergy (Val d’Oise). » Hakim reste inquiet des conséquences du cauchemar qu’a vécu son fils : « Aylan ne dit rien, il intériorise beaucoup par pudeur, mais j’espère que les dégâts psychologiques ne seront pas trop dévastateurs. » Ce mardi, la préfecture affirme avoir pris le problème à bras-le-corps en organisant une rencontre avec le procureur, les maires des deux villes et la police, « pour faire cesser les actes de rivalité violente profonde constatée entre les jeunesses des deux villes.” Un groupe de travail partenarial se réunira mensuellement pour “améliorer la détection des risques et adapter les systèmes de sécurité en conséquence”. Parallèlement, la préfecture annonce que “les actions de prévention seront renforcées grâce à la mobilisation des responsables d’établissements” et “des interventions conjointes dans les établissements les plus concernés auront lieu à Beauvais et Méru”.