Martin Jolicoeur, Le Journal de Montréal • À lire aussi : Évaluation immobilière : des hausses de valeur importantes à Montréal Les anciens arrondissements dédoublés de Montréal-Est, Senneville et Dollard-Des Ormeaux affichent les plus fortes hausses avec des hausses stratosphériques de 52,5 %, 45,9 % et 45,1 % incluant le non résidentiel. À Montréal, les municipalités de Lachine et de Pierrefonds-Roxboro remportent la palme avec des hausses respectives de 42,6 % et 40,8 %. Depuis 2007, la liste d’évaluation foncière de l’agglomération de Montréal – qui comprend 16 villes et 19 municipalités – a connu une telle augmentation. Cette année-là, le rôle avait augmenté de 38,6 %. Il y a trois ans, la valeur des immeubles inscrits au rôle n’avait augmenté globalement que de 13,7 %. Selon le dernier indice d’évaluation foncière, publié mercredi, les maisons unifamiliales ont connu la plus forte augmentation de valeur, hormis les immeubles vacants et industriels. Leur croissance a connu une augmentation de 38,6 %, tandis que les copropriétés ont connu une augmentation moyenne de la valeur de 30,7 %. De leur côté, la valeur des immeubles à appartements, ces petits immeubles à revenus de deux à cinq logements, a augmenté de 35,5 %.

Écoutez l’entrevue avec Aref Salem, chef de l’opposition officielle de la Ville de Montréal sur QUB Radio :

Prochaine base d’imposition Les bâtiments non résidentiels ont connu une augmentation moyenne de 25,7 %. C’est dans la catégorie des bâtiments industriels que l’on retrouve la plus forte hausse de valeur, avec une croissance de 60,5 %. Certaines catégories de bâtiments non résidentiels, durement touchées par le ralentissement causé par la COVID-19, ont connu une croissance en valeur inférieure à la moyenne. Cela s’applique aux centres commerciaux, aux immeubles de bureaux et à certains autres bâtiments plus touristiques tels que les hôtels. Par exemple, les centres commerciaux ont vu leur valeur baisser en moyenne de 2,1 % depuis 2018. Ces taux refléteront l’état du marché tel qu’il était à Montréal au 1er juillet 2021. Ils serviront d’assiette de la taxe foncière, à compter du 1er janvier, pour les années financières 2023, 2024 et 2025. ► L’arrondissement de Ville-Marie, qui correspond au centre-ville de Montréal, n’a connu qu’une croissance de 15,7 %, la plus faible de l’île de Montréal. Cette dernière s’explique principalement par la forte concentration d’immeubles commerciaux et d’immeubles de bureaux sur son territoire, deux catégories parmi les plus durement touchées par la pandémie.

Rien pour apaiser la crise du logement

Il est certain que le nouveau rôle foncier de Montréal aggravera la crise du logement, reconnaissent tous les acteurs de la région. Julien McEvoy, Le Journal de Montréal « La valeur des plex augmente plus rapidement que la moyenne », note la Corporation des propriétaires fonciers du Québec (CORPIQ). Marc-André PlanteCORPIQ Cela signifie que la facture de taxes foncières des propriétaires de maisonnettes, de trois et de quatre lits à Montréal va monter en flèche. « Les hausses de taxes foncières sont répercutées à 100 % sur les locataires », a déclaré le porte-parole de la CORPIQ, Marc-André Plante. C’est ce que confirme également le Front d’action populaire pour la rénovation urbaine (FRAPRU). “Ce sont les locataires qui paient les taxes d’habitation”, insiste Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU. La méthode de calcul des augmentations de loyer est ce qu’elle est, répond la CORPIQ, qui ne saurait être accusée d’édicter les règles. Plusieurs augmentations Bien sûr, cela ne signifie pas une augmentation de 32%, comme celle des valeurs immobilières. Mais cela signifie certainement que les loyers à Montréal, où 63 % des gens sont locataires, vont monter en flèche. « Les loyers ont déjà beaucoup augmenté. Les locataires sont déjà pris à la gorge », explique Véronique Laflamme. Pour la CORPIQ, la nouvelle tombe à pic, en pleine campagne électorale. « Québec est appelé à tenir une assemblée générale sur la question de l’habitation. Il y a une crise et il faut la résoudre”, réagit Marc-André Plante. En marge Si le problème n’est pas résolu et que seuls les loyers augmentent “nous laisserons le monde sur la touche”, assure-t-il. Le FRAPRU est d’accord. « On a l’impression qu’on ne parle pas aux locataires dans un contexte d’inflation. On va envoyer des chèques, mais ça ne règle rien, car les loyers augmentent », plaide Mme Laflamme. 200 000 $ DE PLUS Cet appartement de 54 m2 au rez-de-chaussée de la rue Saint-Joseph Est, dans Le Plateau-Mont-Royal, a pas mal grandi, comme la plupart des immeubles de l’île. Reste à voir comment cela se traduira dans le compte de taxes… Ancienne estimation 469 800 $ Nouvelle évaluation 662 400 $

Boucle pour l’augmentation de la taxe foncière

La valeur des propriétés sur l’île de Montréal a bondi de 32,4 % en trois ans. Les implications financières pour les propriétaires seront importantes, reconnaît la direction de Plante. Julien McEvoy, Le Journal de Montréal « Nous n’allons pas augmenter les taxes foncières de 32 % », claque le responsable du dossier, Dominique Olivier, président du comité exécutif de la Ville. Il réagissait au dévoilement du nouveau rôle foncier, un exercice qui a lieu tous les trois ans. Les immeubles, les maisons et les appartements ont tellement pris de la valeur à Montréal que le défi est maintenant de savoir de combien les taxes foncières vont augmenter. “Chaque fois que nous faisons rouler la propriété, nous réduisons la taxe foncière”, dit-il. Oui, mais combien ? L’inverse serait anormal. Mais la vraie question est de savoir de combien la facture fiscale va augmenter pour ceux dont les valeurs foncières ont explosé. Toute personne dont la propriété s’est appréciée plus que la moyenne sera touchée. Ils peuvent consulter la situation sur le site internet de la Municipalité. Dix-huit des 19 communes sont concernées et dans le prochain budget, qui sera dévoilé fin novembre, on connaîtra la hausse de la taxe foncière. “Nous ne pouvons pas dépasser les 3%”, a commenté mercredi le chef de l’opposition Aref Salem. Cela a fait bondir la direction. « Notre administration fera tout ce qui est nécessaire pour limiter les augmentations de taxes tout en respectant les besoins et les responsabilités de la Ville », a répondu le cabinet de la mairesse Valérie Plante. Possibilité de paiement Dominique Olivier a aussi beaucoup insisté sur la « capacité de payer des Montréalais ». C’était son axe de communication pour rappeler que les propriétaires, grâce à la taxe foncière, paient déjà plus de 60% du budget de la Municipalité. “Ce n’est pas soutenable de demander aux propriétaires de payer plus de 60% de notre budget”, a-t-il répété 10 fois et pas une seule fois. Cependant, quand novembre arrivera, l’augmentation sera abrupte. La présidente du comité exécutif, une femme transparente et honnête aux yeux de tous, ne s’est pas montrée très rassurante. “Nous n’avons jamais dit que nous allions plafonner l’augmentation des taxes foncières à 3%, mais je ne pense pas que nous irons à 8%, ce serait très étrange”, a-t-il déclaré. Les Montréalais peuvent donc s’attendre à une augmentation de la taxe foncière de 3 % à 8 % en 2023. Prenons cela pour acquis. Avez-vous des informations à partager avec nous sur cette histoire ? Vous avez un scoop qui pourrait intéresser nos lecteurs ? Écrivez-nous ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.