Comment expliquer cette récurrence de l’épidémie ?
Pour Kathryn Hill, épidémiologiste et biostatisticienne, “on ne peut pas encore parler de reprise car si les cas positifs augmentent, ils reviennent aux niveaux de juillet. Et tous les autres indicateurs [hospitalisations, réanimations, taux de reproduction du virus, décès] sont encore en baisse. D’autant que le nombre de cas est biaisé, ajoute-t-il, car “cela dépend du nombre de personnes testées”. Dès lors, “il ne faut pas s’inquiéter car davantage de personnes sont allées se faire tester”, résume-t-il. Ne vous faites pas torturer, c’est aussi le message que veut faire passer le professeur Yves Buisson, épidémiologiste et président de la cellule Covid-19 de l’Académie nationale de médecine. Pour lui, cette reprise est loin d’être une surprise : « On s’y attendait », assure-t-il à 20 Minutes, ainsi qu’à la rentrée dès 2020. « Si la circulation du virus a baissé cet été, elle n’a jamais cessé. “, se souvient-il. Et le brassage, le regroupement sur le lieu de travail, dans les écoles, de personnes venant de différentes régions françaises à la rentrée favorise l’augmentation de la circulation du Covid-19. “Les espaces clos, non ventilés, avec beaucoup de monde, sont les conditions idéales pour un rebond”, développe l’épidémiologiste. De là à parler d’une huitième vague, comme l’évoque le ministre de la Santé, François Brown ? “Il n’y a pas de seuil à partir duquel on parle d’onde, c’est subjectif. Mais si le cap des plus de 100 000 cas par jour est dépassé, alors oui, on va parler d’une nouvelle vague”, répond Yves Buisson.
Pourquoi les enfants sont-ils plus touchés ?
Comme nous l’avons dit, le taux d’incidence augmente principalement chez les enfants âgés de 0 à 9 ans. Deux facteurs expliquent ce constat : d’une part, la rentrée scolaire, qui favorise le brassage et la circulation du virus dans les écoles, où les mesures de distanciation sociale et les masques ne sont plus à l’ordre du jour. Deuxièmement, cette tranche d’âge est sous-vaccinée, avec seulement 2,7% du calendrier vaccinal complet entre 0 et 11 ans, selon Ameli. Ce qu’Yves Buisson “regrette”, car “même si les enfants sont infectés par le Covid-19, ils ne construisent pas d’immunité contre le virus, notamment parce qu’ils développent des formes bénignes”. La prochaine vague pourrait donc venir de la jeune génération. Car “ça arrive déjà avec la grippe”, rappelle l’épidémiologiste de l’Académie de médecine.
Doit-on s’inquiéter ?
Le nombre actuel d’infections pourrait être largement sous-estimé car les gens seront moins testés ou choisiront de s’auto-tester à la place. “Nous avons eu un problème ces dernières semaines, voire ces derniers mois, d’une sous-estimation importante des tailles réelles pour la circulation du virus”, dit-il. Mais s’il faut surveiller la situation, il n’y a pas d’élément d’inquiétude particulier “car c’est toujours la même sous-variante qui circule et qui domine dans une large mesure”, précise Yves Buisson. La sous-variante de la variante Omicron, le BA.5. La reprise de l’épidémie n’est pas suffisamment alarmante pour réimposer des mesures de restriction, comme le port du masque en intérieur. “Il serait très difficile de justifier la mesure compte tenu de la situation”, a déclaré l’épidémiologiste. Cela n’empêche pas les personnes à risque d’être rappelées pour se protéger, “d’autant plus qu’il y a un vrai relâchement de la vaccination chez les personnes âgées”, ajoute-t-il. Mais tant qu’on ne voit pas apparaître dans la surveillance épidémique internationale une nouvelle variante inquiétante, qui pourrait remplacer la variante actuelle, « on peut être rassurés sur la situation, convient-il. Ce sera peut-être la fin de la pandémie jusqu’à ce qu’il y ait une variante plus contagieuse, plus contagieuse.” De plus, le monde n’a jamais été mieux placé pour mettre fin à la pandémie, a déclaré mercredi le chef de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus.