Le yacht blanc Amore-Vero de 86 mètres de long, doté d’une piscine transformable en héliport et d’une valeur estimée à plus de 100 millions d’euros, a été bloqué par les douanes françaises au chantier naval de La Ciotat, près de l’est de Marseille. , le 3 mars. , 2022, une semaine après le début de l’invasion russe de l’Ukraine. Le ministère français de l’Economie a alors confirmé que ce navire appartenait à une société liée à Igor Setchin, patron du grand groupe pétrolier russe Rosneft et proche du président Vladimir Poutine, et qu’il “entrait dans le cadre des mesures de gel décidées à l’encontre de son armateur”. de l’Union européenne. Comme le navire “se préparait de toute urgence à appareiller”, il avait été saisi et non simplement bloqué (gelé) par les autorités françaises. Plus de six mois plus tard, il est toujours amarré dans le port de La Ciotat, sous surveillance. Et, suite à une plainte douanière, une enquête judiciaire est également en cours. La fermeture a été l’un des premiers signes tangibles d’une chasse aux produits de luxe des proches de Vladimir Poutine en réponse à l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Kazimo Trade & Invest Limited, qui est basée dans les îles Vierges britanniques et qui se présente comme propriétaire d’Amore-Vero, avait demandé en juillet à un juge du tribunal correctionnel de Marseille des injonctions (procédure d’urgence). d’ordonner la “mainlevée de la saisie du navire”, la jugeant “non fondée” et de condamner les douanes françaises à lui verser 15 000 €. Kazimo Trade & Invest Limited a fait valoir que le propriétaire et bénéficiaire effectif de ce yacht n’était pas une “personne sanctionnée”, en l’occurrence Igor Sechin. Dans son ordonnance, consultée par l’AFP, le juge des référés s’est déclaré “incompétent” pour se prononcer sur la levée de cette saisie, estimant que l’entreprise devait saisir le tribunal administratif. Il note toutefois que « les informations recueillies par les douaniers ont permis d’établir que, si la société Kazimo Trade & Invest Limited était enregistrée comme propriétaire et exploitant commercial du navire en cause (…), M. Igor Setchine était, pour sa part, inscrit comme son ayant droit économique ». La traçabilité des avoirs est compliquée par le fait que les propriétaires se cachent souvent derrière des sociétés fictives basées aux Bahamas, à Guernesey, aux îles Vierges… Le juge des référés a également condamné la société des îles Vierges britanniques à “payer ses garde-côtes Mediterranean Customs Coast Guard Service” la somme de 5 000 euros pour couvrir les frais de justice. Plusieurs pays comme l’Espagne, l’Italie ou la France ont saisi des yachts appartenant aux Russes les plus riches dans le cadre des sanctions européennes.