Éliminer le crack en moins d’un an à Paris, telle est la mission assignée à la préfecture de police de Paris. Mais Marie n’y croit pas : « Les policiers sont dans leur camionnette garée près du métro et ils ne sortent pas. Vous pouvez même frapper à la fenêtre de leur van, ils ne vous répondent pas, ils sont au téléphone. Rien n’est de pire en pire, jour après jour. Tous les accès au métro sont cassés, ils ont enlevé tous les sièges. On n’y croit plus du tout et les gens partent.”
“Ce qui est “comique”, c’est qu’on habite à côté du commissariat.” Maria*, résidente chez franceinfo « Je leur ai demandé une fois ce que nous pouvions faire. Ils m’ont répondu : “Attention, madame”, poursuit Marie. Ils m’ont aussi expliqué que si les “crackers” [toxicomanes consommant du crack] ils ont été déplacés là-bas, c’est parce qu’au moins la porte de la Villette, c’est au bout de Paris et c’est la meilleure solution parce que personne n’en veut.” A Stalingrad et sur les quais du Bassin de la Villette, autour du cinéma MK2, si l’évacuation des toxicomanes en septembre 2021 permet aux habitants de souffler, selon les différents témoignages que nous avons recueillis, les usagers de crack commencent à revenir le soir. . La pression policière les pousse à sortir de la porte de la Villette, expliquent plusieurs associations d’habitants et de toxicomanes. Ce va-et-vient, c’est ce que Catherine voit tous les jours : « Il y en a toujours eu ici, même depuis qu’ils sont partis pour Pantin et La Villette. La nuit, il y a une bagarre. Parfois, on voit des traces de sang le lendemain sur le sol. . ”
Cette pétition rédigée par tous ces habitants est entendue par la préfecture de police de Paris, mais le nouveau préfet « ne peut pas laisser dire que ce secteur a été abandonné. Je comprends l’inquiétude de certains habitants, mais je ne peux pas dire que nous sommes inactifs. », se défend Laurent Nuñez, qui a succédé à Didier Lallement comme préfet de police de Paris début août, jeudi 15 septembre sur franceinfo. “Depuis le 4 août, nous avons déployé quotidiennement près de 200 policiers dans cette zone, apparemment dans le but de disperser les consommateurs de crack et d’arrêter les trafiquants.” Laurent Nuñez, préfet de police de Paris chez franceinfo “Evidemment ça ne va pas suffire, a convenu le préfet. Il va falloir faire un plan de prise en charge de ces personnes, ces consommateurs, qui va évidemment nécessiter des mesures sanitaires, sociales, psychologiques, voire psychiatriques pour tenter d’obtenir ces C’est évidemment l’ambition du plan, mais en même temps il faut aussi avoir une action policière répressive qui est absolument nécessaire.”
Le nouveau préfet a organisé une nouvelle opération de police place Auguste Baron mardi 13 septembre. Mené par 450 policiers, il a été possible d’interpeller 113 personnes, dont 70 étrangers en situation irrégulière et le reste pour des délits de droit commun. Deux personnes ont été envoyées à l’hôpital psychiatrique de la préfecture de police. Depuis sa prise de fonction en août, Laurent Nuñez rapporte que ses services ont procédé à 385 interpellations aboutissant à 250 interpellations policières aboutissant à une incarcération pour traite des êtres humains. Les enquêteurs de la PJ de Paris, les agents de la brigade anti-crack de la brigade des chemins de fer du réseau et les policiers des commissariats ont traité 300 dossiers liés au crack depuis le début de l’année, entraînant la saisie de 2,3 kg de crack et plus de 160 000 euros d’avoirs criminels, et le démantèlement 14 “cuisines” à crack, les laboratoires où cette drogue est fabriquée. Le travail des enquêteurs a finalement permis d’arrêter 11 “modous”, ces agents sénégalais qui sont les principaux fournisseurs de crack. Ce premier bilan est dressé par le préfet de police après un peu plus d’un mois de mandat, alors que le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin doit se rendre en Afrique de l’Ouest pour « dialoguer franchement avec les pays concernés et créer les conditions d’une expulsion rapide des trafiquants vers leur pays d’origine ». “Il faut rationaliser la relation avec certaines autorités de ces pays d’Afrique de l’Ouest pour pouvoir obtenir plus facilement des cartes consulaires pour pouvoir expulser ces trafiquants”, explique Laurent Nuñez. Les onze “habillés” interpellés ont été placés au CRA [centre de rétention administrative] pour le renouvellement. *Le nom a été changé