Le “BS”. C’est un terme péjoratif, associé à la paresse, pénible à entendre pour tout assisté social. Plus de 50 ans après l’instauration de cette aide financière au Québec, ils font toujours face à de nombreux préjugés, selon le réalisateur Jean-Sébastien Dutil. Il s’agit de permettre au public de rencontrer “l’homme derrière le chèque” qui présente le parcours de quatre d’entre eux dans son documentaire Prospéritédiffusé le samedi à 22h30 sur ICI Télé. « J’aimerais que le Québec puisse voir, entendre et comprendre que la grande majorité des gens reçoivent de l’aide sociale pour une courte période. C’est un dernier recours pour s’en sortir, ce qui peut être normal dans son cheminement », a expliqué M. Dutil en entrevue.
Un “masque à oxygène”
“Les gens ont le réflexe de dire ‘Ça suffit’. travaux maintenant, pourquoi ne vont-ils pas travailler ? ajoute Geneviève Bouchard, directrice de l’organisme Sherbrooke Action Plus, dans le but de soutenir ces bénéficiaires. Mais généralement ce sont des personnes qui ont épuisé leur assurance chômage et maladie et qui sont encore limitées dans l’emploi. Ceux qui sont aptes retournent sur le marché du travail. » Il y a Vicky, une mère célibataire de trois enfants qui souffrait de dépression post-partum et d’un enfant malade. La prospérité était son “masque à oxygène”. Julienne, réfugiée au Canada en 2019, rêve que ses enfants, restés en Afrique, puissent la suivre. Il veut travailler pour les aider financièrement et suit des cours pour devenir compagnon bénéficiaire. Jean-Sébastien, qui a des difficultés à marcher, a connu les familles d’accueil, la violence, l’alcool, la drogue et la prison. Il se bat pour faire reconnaître sa grave limitation au travail et ainsi augmenter le montant de sa prestation. Jonathan, batteur dans un groupe de heavy metal, a dû rester à la maison pour s’occuper de sa fille faute de garde d’enfants. Il aimerait vivre de ses passions artistiques et n’est pas emballé par l’idée de travailler dans l’agroalimentaire.
Des modifications sont demandées
Ce sont quatre profils différents, mais ces personnes ont en commun d’être obligées de demander l’aide sociale, même honteuses. « Je suis un gars qui aime travailler, avoue Jean-Sébastien. Cela signifie que j’ai un deuil à faire. » Plusieurs organismes communautaires réclament des changements à l’aide sociale depuis des années. Alors que l’inflation culmine et que la crise du logement fait rage, L’Action Plus demande une augmentation des prestations, qui sont de 726 $ par mois pour une personne seule et de 870 $ pour une personne handicapée. “Aujourd’hui, les personnes vivant dans la pauvreté ne peuvent pas s’en sortir avec ces sommes”, juge M. Bouchard. Le Welfare People’s United Front demande “un chèque par personne”, ce qui signifie que nous arrêtons de donner un chèque aux couples cohabitants, ce qui équivaut à un montant de base de 1 099 $ pour deux personnes. Mme Bouchard déplore également le fait que les personnes vivant dans la pauvreté n’aient pas reçu les 500 $ promis par le gouvernement pour lutter contre l’inflation, un montant qui est plutôt retenu pour rembourser la dette d’aide sociale. Enfin, Mme Bouchard souhaite que les politiciens provinciaux prennent position sur ces enjeux lors de la campagne électorale.