franceinfo : Vous vous plaignez de ne pas avoir droit au bouclier tarifaire du gouvernement sur les prix de l’énergie ? Christophe Dietrich, maire LR de Laigneville : Les très petites collectivités ont droit au bouclier tarifaire, mais les collectivités moyennes n’ont droit à absolument rien. Gabriel Attal parle d’un dispositif d’environ 500 millions d’euros qui a été mis en place pour les communes mais je n’ai reçu aucun message de la préfecture, ni du gouvernement me disant qu’un tel dispositif existe. Aujourd’hui, je paie la totalité du conteneur. Vous avez vu vos dépenses monter en flèche ? Pour vous donner un exemple, le 31 mai j’ai payé autant d’électricité que pour toute l’année 2021. L’an dernier j’ai payé 93 000 euros de gaz naturel pour chauffer mes bâtiments, notamment mes bâtiments liés à l’enfance et à la petite enfance. Si je fais le calcul par rapport à ce qui se passe dans les entreprises aujourd’hui, sans bouclier tarifaire, potentiellement, je peux dépenser 93 000 à 930 000 euros de frais par an soit 10 fois plus. Ce n’est pas valide. À un moment donné, nous ne pourrons plus faire fonctionner les cantines, les centres de loisirs, les activités parascolaires et soutenir nos résidents lorsqu’ils ont le plus besoin de nous. Y a-t-il déjà des conséquences pour vos électeurs? Oui. A la cantine, par exemple, je ne prends que les enfants dont les deux parents travaillent ou un parent s’il s’agit d’une famille monoparentale. Je ne peux pas me permettre, compte tenu de ce que je vais payer, de pouvoir embaucher du personnel supplémentaire. Il faut savoir que quand je babysonne un enfant entre 11h30 et 13h30, déjeuner compris, cela me coûte 13,43 euros par jour et par enfant, mais je ne facture que 3,70 euros aux familles car nous avons un rôle social. Mais aujourd’hui, ce rôle social, je ne peux plus le garder. C’est la chose terrible. D’autant plus qu’il n’y a pas de solution miracle. Quelles que soient les mesures d’économie que nous prendrons dans nos communes, le résultat sera absolument marginal par rapport au tsunami économique qui va nous arriver. Qu’attendez-vous du gouvernement ? Nous demandons le soutien du gouvernement, peut-être des allégements fiscaux, peut-être moins de choses à payer. Vous devez savoir que nos subventions de fonctionnement globales ont augmenté. Nos flux de trésorerie sont les mêmes, mais nos coûts explosent. Nous voulons juste être en mesure de soutenir notre population en période de pénurie alimentaire que nous allons avoir et malheureusement nous ne sommes pas assurés de cela. Vous vous sentez mal à l’aise parmi vos habitants, malgré la maîtrise de l’énergie et les mesures annoncées par le gouvernement ? J’ai un certain nombre d’électeurs qui ont juste dépassé la limite, qui ne recevront pas d’audit énergétique et qui se trouvent dans une situation délicate aujourd’hui. Ce matin, j’ai eu dans mon bureau une fonctionnaire de la mairie qui m’a expliqué qu’elle ne pouvait manger que le 15 du mois. Il y a un vrai problème. Le contrôle de l’énergie laissera les gens nerveux, en particulier ceux qui se trouvent juste au-dessus des plafonds. Ils vivent peut-être un peu mieux, mais ils n’ont aucune protection. Ce sont eux qui paient l’impôt, qui travaillent, qui subissent le poids de toutes les augmentations. On ne l’entend pas, pour eux c’est un double danger. Le vrai danger aujourd’hui, c’est qu’on a une classe moyenne qui s’appauvrit à une vitesse vertigineuse.