Acte 1 : L’influenceur Marc Blata accuse Booba de porter une fausse montre
La controverse a commencé en décembre 2021 lorsque l’ancien concurrent de téléréalité Mark Blatta a visé Bubba. Installé à Dubaï depuis 2019, une rumeur a circulé selon laquelle le rappeur français portait une fausse montre de l’horloger de luxe Richard Mille lors d’un tournage. Le fusible est allumé. Piqué, Booba répond, ciblant l’influenceur et son activité de crypto-monnaie et de trading. C’est en partie grâce à ces activités que Marc Blata et sa femme Nadé, également influents, s’assurent une vie confortable sous les palmiers de Dubaï. Sur son compte Twitter, le rappeur défie d’autres influenceurs comme Dylan Thiry ou Maeva Ghennam, qui ont gagné de l’argent grâce à des collaborations avec des sites de “drop-shipping”. Ce système consiste à vendre des produits plus chers, souvent de mauvaise qualité, achetés sur des sites comme Alibaba ou AliExpress.
Acte 2 : Magali Berdah porte plainte pour harcèlement contre le rappeur
De fil en aiguille, Booba (de son vrai nom Elie Yaffa) remonte à l’un des “papes” de ce petit monde virtuel : Magali Berdah. A la tête de Shauna Events, une société créée en 2016, l’agent courtier entre les marques et les égéries de la réalité pour un pourcentage de leurs opportunités. L’homme de 40 ans affirme avoir été victime d’abus de la part du rappeur et de ses fans sur les réseaux sociaux. Lorsqu’elle frappe à la porte d’un commissariat pour porter plainte le 25 mai, la chroniqueuse de “Touche pas à mon poste” évoque l’un des tweets de Booba qui, selon elle, a mis le feu à la poussière quelques jours plus tôt. Dans cette plainte, qui a été vue par le magazine Complément d’Enquête, la femme d’affaires a déclaré avoir reçu “plusieurs centaines de messages et de menaces contre sa vie”, dont certaines étaient “antisémites”. Les internautes vont jusqu’à parler de « lapidation » et de « décapitation comme Samuel Paty », cet enseignant assassiné par un terroriste en octobre 2020 à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines). Son numéro et son adresse ont été divulgués en ligne. Le parquet a immédiatement ouvert une enquête pour “menaces de mort, harcèlement par communication électronique, injures publiques à raison de l’origine et du sexe”, confiée au centre national de lutte contre la haine en ligne.
Acte 3 : le « Duc de Boulogne » lance le hashtag #influvoleurs
Avec ses millions de followers sur les réseaux sociaux, le rappeur s’improvise lanceur d’alerte en matière de fraude à la mode dans le monde des influenceurs Instagram et consorts. Le 27 juin, il a lancé le hashtag “#influvoleurs” et ouvert une boîte aux lettres du même nom. Il recueille des dizaines de témoignages. Selon ces messages, que “Complément d’Enquête” a également pu consulter, ces acheteurs affirment, factures jointes, qu’ils ont commandé des produits avec des codes promotionnels auprès d’influenceurs qui travaillent pour les événements Shauna et qu’ils n’ont jamais reçu de colis ou n’ont pas ne reverront plus leur argent, malgré plusieurs courriels de suivi. Si toutefois le produit leur était livré, il s’agissait d’un faux fabriqué en Asie. Avec l’aide de ses avocats, Booba a déposé deux plaintes fin juillet pour “pratiques commerciales trompeuses” et “escroquerie en bande organisée”. L’un cible Shauna Events et l’autre Marc Océane Singainy Tevanin, également connu sous le nom de Marc Blata, pour ses activités dans le trading et les crypto-monnaies (NFT – jetons non fongibles). Selon ces plaintes consultées par “Recherches complémentaires”, “un système de fraude complexe et organisé apparaît, monté par la société Shauna Events”, un “système alimenté par la passivité des réseaux sociaux et notamment Instagram et Snapchat, utilisé par les influenceurs pour promouvoir les arnaques”. “.
Acte 4 : le tribunal ordonne la suppression du compte Instagram du rappeur
Avec ses avocats, Magali Berdah réussit à faire fermer temporairement le compte Instagram de Booba (@OKLM) ainsi que son compte Twitter (@booba). Le rappeur ouvre rapidement un nouveau compte Instagram (@elieyaffaofficiel) et fait appel au juge des référés pour demander l’annulation de l’ordonnance du tribunal. Le tribunal correctionnel de Marseille doit rendre ses décisions dans cette affaire le 3 octobre. “Mon client n’est en aucun cas responsable de ces événements et agissements. Et Mme Berdah, qui prend parfois certaines libertés avec sévérité, n’a jamais osé prétendre le contraire et personne n’a jamais attribué le moindre propos antisémite à Booba.”, réagit. L’avocat de l’artiste, Patrick Klugman, dans un communiqué.
Acte 5 : débute une enquête sur les pratiques de Shauna Events
Le parquet de Grasse (Alpes-Maritimes) ouvre une enquête le 6 septembre à la suite de la plainte déposée par Booba pour “pratiques commerciales trompeuses”. Les investigations, confiées au commissariat d’Antibes, où est enregistrée la société Shauna Events, ne portent pas sur les faits de “l’escroquerie en bande organisée” que le rappeur a dénoncée. “Nous sommes heureux de voir que les preuves rapportées conduiront à une enquête”, a déclaré l’un des avocats de Bubba, Ivan Terrell. L’autre plainte du rappeur, visant Marc Blata, est en cours de transmission au parquet de Pontoise, territorialement compétent.
Acte 6 : “Je ne me tairai pas”, lance Magali Berdah en conférence de presse
Deux jours après la diffusion sur France 2 du magazine « Complément d’Enquête » sur les « escroqueries » et les « affaires » des influenceurs, Magali Berdah donne une conférence de presse à Paris sur le harcèlement dont elle accuse Booba. “Ce qui se passe est très grave, ça se passe devant tout le monde”, dit-il, sans nommer le rappeur. “Je ne peux pas accepter que (…) le combat pour protéger nos enfants, nos familles, des dérives d’internet (…) soit confié à une personne qui incite à la haine sur les réseaux jusqu’à présent”, ajoute-t-il. , les larmes aux yeux. “Chacun prendra ses responsabilités. En ce qui me concerne, je garde la tête haute et je ne me tais pas”, insiste le patron de Shauna Events. Présent à ses côtés, l’avocat d’Antonin Gravelin-Rodriguez a recensé “plus de 100.000 messages” qui auraient visé son client ou ses proches, dont certains antisémites. Le conseil fait référence aux dix plaintes ou plaintes supplémentaires déposées entre mai et août, qui, selon lui, seront encore finalisées prochainement, pour des actes de “harcèlement”. Il cite également “cinq plaintes” d’autres infractions, dont une tentative d’extorsion ou d’agression subie par la fille de son client. Une conférence de presse dont Bubba n’a pas raté une miette et dont le rappeur s’est moqué sur les réseaux sociaux.