Les lumières s’éteignent. L’écran géant est abaissé. Après plusieurs jours de débat sur l’opportunité de les diffuser, de nombreuses mises en garde sur leur impact psychologique potentiel, et un reportage détaillé, à la barre, par un enquêteur qui les avait vues, les images captées le soir du 14 juillet 2016 par vidéo La surveillance de la Promenade des Anglais, où 86 personnes ont été tuées par Mohamed Lahouaiej Bouhlel au volant de son camion, sera montrée devant le Tribunal correctionnel spécial de Paris. Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Dans le procès de l’attentat du 14 juillet 2016 à Nice, la délicate question de la diffusion des images du massacre
La majorité des partis politiques étaient favorables à cette diffusion afin de bien comprendre la réalité de l’attentat qu’ils ont vécu ou dans lequel ils ont perdu un proche – certains aussi pour mieux comprendre ce qu’était le dispositif sécuritaire. Pour les juges, cela leur permettra aussi de se faire une idée précise de la trajectoire des 19 tonnes et de mieux déterminer qui, parmi les 25.000 personnes présentes sur la Promenade des Anglais ce soir-là, est recevable en tant que partie civile.

Esquives miraculeuses, organismes réglementés

Il n’y a pas de promenade des Anglais dans la première image de vidéosurveillance diffusée à l’écran, mais le boulevard Vérany, plus au nord. Il est 21h34. A gauche de l’écran, un camion blanc garé sous les arbres, le long du trottoir. A droite vient un homme à bicyclette, en danseur : Mohamed Lahouaiej Bouhlel. Il charge son vélo dans le camion, monte dans la cabine, allume le clignotant à gauche, démarre, démarre. Dans moins d’une heure, après avoir roulé puis s’être brièvement garé dans les rues de Nice, il commencera son carnage. Les quatre minutes et dix-sept secondes de sa course meurtrière sur la Promenade des Anglais ont été captées par six caméras différentes. Une fois terminés, ces enregistrements silencieux qui seront connectés à l’écran durent une dizaine de minutes. Dix minutes d’horreur brute. Dix minutes d’asphyxie collective dans la salle d’audience, durant lesquelles seuls deux bruits se feront entendre : le craquement du sol sous les pas des policiers qui assurent que personne ne filme l’écran, et les cris de terreur de certains citoyens réagissant au images les plus dures – certains spectateurs ne resteront pas jusqu’à la fin. Il vous reste 54,53% de cet article à lire. Ce qui suit est réservé aux abonnés.