Jusqu’où le président chinois Xi Jinping est-il prêt à aller pour soutenir son « vieil ami » russe Vladimir Poutine, qu’il a rencontré lors d’un tête-à-tête extraordinaire le jeudi 15 septembre à Samarcande, en Ouzbékistan ? Le dirigeant communiste a assuré que la Chine “était disposée à travailler avec la Russie pour assumer son rôle de grande puissance”. C’est notamment le cas depuis l’été, à travers la très forte augmentation des échanges entre les deux pays, au moment où les sanctions internationales affectent l’économie russe. Mais le soutien de Pékin reste prudent.
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La Chine a importé pour 72,9 milliards de dollars (72,9 milliards d’euros) de produits russes, en grande majorité des hydrocarbures, entre janvier et août : une augmentation de 50 % par rapport à la même période en 2021. En revanche, « selon les douanes chinoises, les exportations vers la Russie, qui étaient déjà sur une courbe presque verticale avant-guerre, a continué de croître et s’est accélérée en juillet-août », souligne François Godemed, de l’Institut Montaigne à Paris. Entre janvier et août, ils ont ainsi augmenté de 9,4 % par rapport à la même période en 2021, pour un total de 44,2 milliards de dollars. Oubliez le marasme des premières semaines de guerre : les exportations chinoises ont retrouvé leur niveau d’avant l’invasion le 24 février.
“La Chine fait preuve d’opportunisme pragmatique. Elle fait tout pour maintenir son partenaire systémique proche tout en évitant de s’exposer à des turbulences économiques supplémentaires car sa situation domestique est difficile », résume François Chimits, chercheur à l’Institut Mercator pour la Chine. Études (Merics) de Berlin.
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C’est en mai que les échanges physiques et monétaires bilatéraux se sont accélérés, selon François Godement, à un moment où Pékin radicalisait aussi sa rhétorique contre les États-Unis. “Sur le marché des changes de Moscou, les échanges rouble-renminbi [yuan, la devise chinoise] a explosé, signe que les choses bougent commercialement, note-t-il. Cependant, un mélange d’opportunisme et de prudence caractérise l’attitude chinoise face aux sanctions, qu’elle condamne par principe. Dans ce domaine, la pression américaine est forte : lorsque les États-Unis ont ajouté 25 entreprises chinoises à leur propre liste de sanctions en juin, ils ont placé cinq entreprises d’électronique qui faisaient des affaires avec la Russie.
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