Environnement… les hydrocarbures et le troisième maillon

La question de l’environnement a été la première abordée au cours du débat. Cependant, cela a donné lieu à des échanges musclés tout au long de la soirée. Hormis Québec solidaire (QS) et le Parti québécois (PQ), qui ont échangé des félicitations pour leurs bons plans qui présentent plusieurs similitudes, les dirigeants n’ont généralement pas hésité à aborder l’environnement, un domaine dans lequel certains présentent des points de vue diamétralement opposés. D’un côté, le cacuiste en chef François Legault s’est interrogé sur la faisabilité du plan de solidarité – qui vise à réduire les gaz à effet de serre (GES) de 55 % par rapport à 1990 d’ici 2030 – s’inquiétant notamment du manque d’électricité et d’employés Fais que ça arrive. En revanche, le solidaire Gabriel Nadeau-Dubois accuse M. Legault de manquer d’ambition avec une cible de 37,5 %. Au conservateur Éric Duhaime, le libéral Dominique Anglade a critiqué la volonté de relancer le projet québécois d’hydrocarbures GNL pour soutenir la transition énergétique de la province. C’est clair, l’environnement t’importe peu, lui dit-elle. Nous ne sommes pas dans les années 1950. Mais c’est la promesse de François Legault de construire un troisième lien entre Québec et Lévis qui lui a valu une salve de tous ses adversaires, dont Éric Duhaime, le seul autre chef à avoir soutenu la construction d’un tel lien autoroutier. Le chef conservateur a exhorté son rival de la CAQ à rendre publiques les fameuses études sur le projet, comme il l’avait déjà fait à plusieurs reprises depuis plusieurs semaines. De son côté, le chef du Parti québécois (PQ) a accusé M. Legault de vouloir s’entêter à bâtir ce troisième maillon dont tout le monde sait qu’il n’arrivera jamais. La CAQ mise sur un projet de tunnel en se basant sur les sondages du jour, a indiqué Paul St-Pierre Plamondon. Quant à Gabriel Nadeau-Dubois, il estime qu’il est plutôt vain de se livrer à des sacrifices individuels si des efforts collectifs ne sont pas faits pour faire la transition écologique. « On peut tous boire notre Seven Up avec une paille en carton, si M. Legault fait le troisième maillon, ça annulera tous les efforts humains. » — Une citation de Gabriel Nadeau-Dubois, co-représentant de Québec solidaire

Bande fiscale

Le chef de Solidarité s’en est pris allègrement à ses adversaires, notamment Dominique Anglade, qu’il a à plusieurs reprises accusé d’être une mauvaise opposition à l’Assemblée nationale en raison de son discours très similaire à celui de M. Legault. Tu es toi-même une ancienne kakista, tout est dans tout, lui lança-t-il. Pourtant, il est attaqué de toutes parts sur les différentes taxes que son parti veut mettre en place, dont une taxe sur les véhicules à essence les plus polluants, mais surtout sur ceux sur les avoirs et fortunes dépassant le million de dollars. François Legault a dénoncé à plusieurs reprises les “taxes oranges” au cours de la soirée. Mais les échanges les plus musclés ont eu lieu entre le chef conservateur et M. Nadeau-Dubois. « C’est ça qui est incroyable avec Québec solidaire : chaque fois qu’il y a un problème, il y a une taxe. Après tout, leur campagne ressemble à ça. C’est une nouvelle taxe par jour. C’est une sorte de strip-tease, les impôts. » — Une citation d’Éric Duhaime, chef du Parti conservateur du Québec À un moment donné, c’est parce qu’il y a des gens qui doivent payer, c’est ça le problème, monsieur Nadeau-Dubois, a ajouté monsieur Duhaime. Face à l’attentat, le leader solidaire a appelé son adversaire conservateur à briguer le poste de gouverneur du Texas. Vous serez vraiment à votre place.

L’immigration hante à nouveau Legault

Le chef de la CAQ s’est aussi impliqué dans un dossier qui le tracasse depuis plusieurs jours, celui de l’immigration. La semaine dernière, François Legault a dû clarifier des propos sur les nouveaux arrivants, l’intégration et la violence, niant avoir voulu faire un rapprochement entre les trois. Ce soir encore, il a dû s’expliquer, à la demande de ses adversaires, mais aussi de l’animateur, qui n’a pas hésité à faire référence à cette affirmation en préambule à certaines questions. Tout d’abord, mettons une chose au clair. Le Québec et le Québec sont parmi les plus accueillants au monde. Deuxièmement, l’immigration, pour moi, et j’en suis sûr pour tout le monde ici, c’est la richesse, a-t-il assuré. Mais le leader libéral n’a pas été convaincu par ces nombreuses sorties. J’ai été très surpris d’entendre les propos de M. Legault ce soir. Vous avez dit que l’immigration est une menace, a répété Dominique Anglade. “Chaque fois que vous parlez d’immigration, vous le faites de manière négative. » — Une citation de Dominique Anglade, chef du Parti libéral du Québec

Vous avez tiré sur le bateau !

Il aura fallu ce premier débat sur le thème de la pandémie pour entrer en campagne. François Legault et Éric Duhaime ont été les premiers à s’affronter sur le sujet, des échanges qui ont mis au jour les antagonismes entre les deux hommes. Les attentats ne se sont pas fait attendre. M. Duhaime a accusé le premier ministre sortant de garder les Québécois en imposant des mesures sanitaires trop strictes. On a pris des mesures, pas pour le plaisir, s’est défendu François Legault. Je ne suis pas entré en politique pour fermer des entreprises et porter des masques, a-t-il déclaré, ajoutant que son gouvernement le faisait pour sauver des vies. Il a ensuite accusé son adversaire de tenir des discours anti-santé pour gagner des voix. « Alors qu’ils rament tous dans la même direction, vous avez tiré sur le bateau ! » — Une citation de François Legault, chef de la Coalition avenir Québec Éric Duhaime n’a pas tardé à réagir, renversant l’étiquette d’irresponsabilité que le chef de la CAQ voulait lui attribuer. Ce qui est irresponsable, c’est d’avoir géré une crise de manière non scientifique, a-t-il répondu. Il a aussi accusé François Legault d’être le premier ministre du confinement et le pire confinement du continent. Sous le thème de la santé, la position du secteur privé a occupé de nombreuses discussions. François Legault a affirmé que seuls son parti et Éric Duhaime sont ouverts à une révision de la formule, selon lui, pour améliorer les services aux patients et que les trois autres partis s’y opposent pour des raisons idéologiques. Si la santé privée fonctionnait, on le saurait, a répondu Gabriel Nadeau-Dubois. Il n’y a jamais eu autant de confidentialité dans le système et le système n’a jamais fonctionné aussi mal.

L’éducation (ou son absence)

Manque d’enseignants, manque de places, écoles vétustes, système de ventilation défaillant : le système éducatif ces dernières années en a pris un coup. Pourtant, la question a occupé les échanges moins de 10 minutes. Mme Anglade et M. Nadeau-Dubois ont tous deux confirmé que l’éducation devrait être une priorité, mais que le manque de main-d’œuvre à tous les niveaux du réseau scolaire freinait les efforts sur le terrain. François Legault a nié être oisif. C’est une de mes grandes fiertés, dit-il, d’avoir augmenté de 15 % les salaires des enseignants. La Coalition avenir Québec (CAQ) promet encore une fois des investissements majeurs pour rénover les écoles de la province. Sur cet aspect, le chef péquiste l’a accusé de le traîner. En quatre ans, le nombre d’écoles vétustes au Québec est passé de 50 % à 59 %. Comment voulez-vous que les étudiants soient motivés et ne décrochent pas si l’endroit où ils étudient est carrément déprimant ? demanda Paul St-Pierre Plamondon. Les retards sont attribués à un manque de travailleurs de la construction, a répondu M. Lego, un argument qui est revenu à plusieurs reprises dans la bouche du cerveau, souvent sans tenir compte de la question des échanges. L’enseignement postsecondaire a effectivement été exclu de la discussion, à l’exception d’un échange entre le représentant de Québec solidaire et le chef du Parti québécois sur la question de la liberté académique. « Si je suis offensé par quelque chose qui a été dit ici ce soir, devons-nous arrêter de parler ? » — Une citation de Paul St-Pierre Plamondon, chef du Parti Québécois Les deux hommes ont convenu que les idées, toutes les idées, méritaient d’être discutées en classe. Le chef du PQ, pour sa part, a trouvé tout à fait inacceptable de s’abstenir de nommer les titres des livres pour ne pas offenser certains étudiants sur les campus universitaires. Paul St-Pierre Plamondon a alors mis au défi son adversaire uni de nommer le titre du célèbre ouvrage de Pierre Vallières qui comprend le mot B et qui a suscité de nombreux débats au cours de la dernière année. Gabriel Nadeau-Dubois s’exécuta. Plus tard lors d’un point de presse, M. Nadeau-Dubois a déclaré qu’il ne comprenait pas la stratégie de son adversaire et estimait que M. St-Pierre Plamondon en faisait une croisade personnelle. Il dit avoir choisi de prononcer le titre pour ne pas détourner la conversation de la question du racisme systémique, même s’il l’est,…