« Rudy, c’est du diesel. Coéquipier de Rudy Gobert, 30 ans, depuis l’adolescence, le capitaine de l’équipe de France masculine de basket Evan Fournier connaît son ami par cœur. « Il lui faut toujours beaucoup de temps pour entrer dans ses matchs. Les premiers matchs, hélas, relèvent un peu de l’échauffement, a constaté l’arrière des New York Knicks lors du premier tour de l’Euro, où le pivot tricolore est resté discret. Mais je sais qu’il finira par dominer les raquettes adverses. » Comme en 8e de finale face à la Turquie, Gobert s’est montré décisif, mercredi 14 septembre, dans la douloureuse qualification des Bleus face à l’Italie (93-85 après prolongation) pour les demi-finales de la compétition continentale, où ils se retrouveront vendredi, La Pologne, vainqueur surprise (90-87) de la Slovénie. Avec 19 points, 14 rebonds (récupération du ballon après un panier raté), une activité non-stop et des actions décisives en fin de match, le nouvel axe des Minnesota Timberwolves a largement contribué à l’élévation de la France dans le dernier carré. LA TOUR STIFLE 🗼🇫🇷 @rudygobert27 a remporté 19 PTS et 14 REB alors que la France 🇫🇷 s’est qualifiée pour l’EuroBasket 2022 Se… https://t.co/juckUXv1Sw – EuroBasket (@#EuroBasket 2022)
Diesel dans le concours, Rudy Gobert l’est aussi pendant le match. C’est dans le “money time”, en fin de course que les moments valent le plus, qu’il brille le plus. Dunks, rebonds, fautes et lancers francs réussis : le pivot français a déchaîné tout le spectre en fin de match et en prolongation face à l’Italie. Quatre jours plus tôt, il avait marqué la bouée de sauvetage pour offrir aux Bleus un match nul “miracle” face à la Turquie, avant de mettre son équipe sur ses larges épaules dans le temps additionnel.

Un travail incessant de subversion

Après les quarts de finale, Vincent Collet a expliqué pourquoi son capitaine, nommé co-capitaine cet été, a une telle influence en fin de match : “En fin de match, les défenseurs ont peur de quitter leur joueur et de se faire le panier qui pourrait tuer son équipe. Une situation en tête-à-tête. “Alors Rudy se retrouve avec son opposé et puisqu’il est dominant…” Rudy Gobert n’aura probablement jamais la fluidité de Nikola Jokic en attaque. Là où le Serbe double MVP (“joueur le plus précieux”, meilleur joueur) de la NBA (la ligue d’Amérique du Nord) dispose d’un attirail offensif quasi inépuisable, le pivot tricolore peut parfois paraître rude. Mais, mis à part le fait que la France reste en lice pour l’Euro après que la Serbie a quitté Berlin en huitièmes de finale, la contribution de Gobert au jeu des Bleus n’apparaît pas toujours dans les statistiques à la fin. de la réunion. Depuis ses débuts en équipe de France, sa moyenne de contre-attaque sur le pivot ne cesse de diminuer (une par match cette année). Mais au lieu d’y voir une déception défensive, le staff tricolore y voit une extension de l’influence de Gobert. De nombreux adversaires qui pénètrent le ballon en main changent subitement d’avis à l’idée de côtoyer le repêchage de trois fois NBA Defensive Player of the Year et reculent, au risque de perdre le ballon. A l’instar de l’Italien Stefano Tonut, les attaquants adverses hésitent à s’approcher de la tour de contrôle française. FIBA
Pour l’ex-pivot des Bleus Frédéric Weis, le travail incessant de saper ce qui occupe désormais sa place en équipe de France passe trop souvent sous le radar. “Rudi est toujours en mouvement, il dirige tout le match, il est très présent sur les écrans, il s’offre quand il est seul et corrige les adversaires, note le consultant BeIN Sports à L’Equipe. Au final, ses adversaires s’usent et perdent en clarté. »

Une chose en tête : l’or

Erratiques depuis le début de la compétition, les Bleus ont parfois eu du mal à trouver leurs repères. En l’absence de Nicolas Batum et Nando De Colo, deux cadres de l’équipe chargée de la création, la version française 2022 peine quelque peu dans ce domaine. « Rudy Gobert est au bout de la chaîne, normalement. Nous créons pour lui et il n’a pas à créer le jeu”, expliquait Frédéric Weis avant la compétition. Pour lui, plus le jeu des Bleus est fluide, meilleur sera Gobert, comme en témoigne la connexion qu’il a trouvée avec le capitaine Thomas Heurtel, cruciale depuis deux matchs. “Tout dépend de la façon dont nous jouons”, affirme Gobert. Quand on fait de bons coups, même si on les rate, je suis mieux placé pour prendre des rebonds. » A lire aussi : All-Star Game : la “grande fierté” de Rudy Gobert, troisième fois au rendez-vous des stars de la NBA
A l’approche des demi-finales à Berlin, la tour de contrôle des Blues est la dernière NBA All-Star – participant au match de gala récompensant les meilleurs joueurs – encore en lice à l’Euro. Le Slovène Luka Doncic a rejoint mercredi Nikola Jokic et Giannis Antetokounmpo (Grèce) en vacances. Mais il y a peu de chance que Gobert s’en préoccupe. “Nous sommes à deux matchs de la médaille d’or”, a insisté le pivot français après le succès face à l’Italie. Un métal qu’il n’a jamais connu en équipe de France – et chez les jeunes – en y collectionnant les podiums. “Personnellement, les médailles de bronze et d’argent me suffisent, donc nous ne visons que l’or”, a-t-il expliqué avant l’Euro. Quantité de pression, “Diesel” en a encore dans le moteur. Clément Martel (Berlin, envoyé spécial)