• Lire aussi : Poutine et Xi affichent leur solidarité avec l’Occident Mais la solidarité entre les participants au sommet a montré quelques fractures. Ainsi, le Premier ministre indien Narendra Modi, s’adressant à M. Poutine, a fait valoir que “ce n’est pas le moment de faire la guerre” alors que Moscou s’implique militairement en Ukraine. Le secrétaire d’État américain Anthony Blinken a riposté en disant que la Russie était sous “pression” pour mettre fin à son intervention à Kyiv, suite aux “inquiétudes” exprimées par Pékin et Delhi sur la question lors du sommet. Dans le même temps, deux pays d’Asie centrale dont les dirigeants sont présents au sommet, le Kirghizistan et le Tadjikistan, se sont affrontés dans des combats frontaliers qui ont fait des dizaines de blessés, provoquant l’annonce d’un cessez-le-feu. Cet événement survient à un moment où Moscou et Pékin entretiennent des relations extrêmement tendues avec Washington à propos de l’invasion russe de l’Ukraine et du soutien américain à Taïwan. Poutine n’est “pas pressé” en Ukraine Lors de la session principale du sommet, M. Xi a appelé les dirigeants réunis à “travailler ensemble pour promouvoir un ordre international évoluant dans une direction plus juste”. Il devrait “abandonner les jeux à somme nulle et la politique de construction de blocs”, a-t-il poursuivi. Il n’a nommé aucun pays, mais Pékin utilise généralement ce vocabulaire pour dénoncer les États-Unis et ses proches alliés. Le président russe, pour sa part, s’est félicité du « rôle croissant des nouveaux centres de pouvoir » qui, selon lui, « devient de plus en plus évident ». Poutine a déclaré que la coopération entre les pays membres de l’OCS, contrairement à l’Occident, est basée sur des principes “désintéressés”. Cependant, des signes de désaccord n’ont pas manqué d’apparaître. “Votre Excellence, je sais que ce n’est pas le moment de faire la guerre”, a déclaré le dirigeant indien Narendra Modi à M. Poutine au début de la rencontre en face-à-face. M. Poutine, en réponse, a déclaré avoir entendu ses “préoccupations”, en utilisant une formule qu’il avait eue la veille avec Xi Jinping. Le président russe a déclaré à M. Modi qu’il “ferait tout” pour que le conflit en Ukraine “se termine le plus tôt possible”. Mais s’adressant à la presse russe peu après, M. Poutine a déclaré que Moscou n’était pas pressé d’atteindre son “objectif principal” en Ukraine : la conquête du Donbass, une région du sud-est du pays contrôlée en partie par l’armée russe. “Le plan (d’opérations, ndlr) ne nécessite pas de changement (…) nous ne sommes pas pressés”, a déclaré M. Poutine. Moscou à la recherche d’alliés L’OCS, dont les membres comprennent la Chine, la Russie, l’Inde, le Pakistan et quatre anciennes républiques soviétiques d’Asie centrale, a été fondée en 2001 en tant que plate-forme de coopération en concurrence avec les organisations occidentales. Cependant, des différences importantes subsistent au sein de l’alliance. Les dirigeants du Kirghizistan et du Tadjikistan se sont rencontrés d’urgence lors du sommet pour annoncer un cessez-le-feu après l’escalade de la violence à la frontière contestée entre les deux pays d’Asie centrale. MM. Poutine et Xi ont également rencontré le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui a appelé à la fin de la guerre en Ukraine “le plus tôt possible par la voie diplomatique”. Récemment, Ankara a joué un rôle clé dans la recherche d’un accord entre Moscou et Kiev sur l’exportation de céréales d’Ukraine, vitale pour de nombreux pays du monde. La Russie est depuis visée par de lourdes sanctions économiques occidentales et se tourne de plus en plus vers l’Asie pour un soutien financier et diplomatique. Lors d’une rencontre jeudi avec M. Xi, M. Poutine a remercié son homologue chinois pour sa “position équilibrée” sur l’invasion de l’Ukraine par Moscou, tout en lui promettant des “explications” face à ses “inquiétudes”. M. Xi, qui effectue son premier voyage à l’étranger depuis le début de la pandémie de COVID-19, espère renforcer encore sa stature de grand dirigeant avant le congrès du Parti communiste chinois en octobre, au cours duquel il sollicitera un nouveau commandement.

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Le choix de l’Asie centrale comme première destination étrangère depuis plus de deux ans démontre l’importance que Pékin attache à cette région, sillonnée par les “nouvelles routes de la soie”, un projet titanesque entrepris par M. Xi pour renforcer les liens commerciaux avec le monde. Avant le sommet, Xi s’est rendu au Kazakhstan mercredi, s’engageant à l’aider à “assurer sa souveraineté” alors que le pays s’inquiète des ambitions russes après l’invasion de l’Ukraine. M. Xi a également rencontré vendredi M. Erdogan et le dirigeant iranien Ebrahim Raisi alors que les négociations sur les armes nucléaires de l’Iran échouent.