Le Kirghizistan a déclaré vendredi 16 septembre qu’au moins 24 personnes avaient été tuées dans des affrontements frontaliers avec le Tadjikistan, lors d’une nouvelle flambée de violence entre les deux anciennes républiques soviétiques d’Asie centrale. “24 corps ont été transférés dans des établissements de santé de la région de Batken, située dans le sud-ouest du Kirghizistan et limitrophe du Tadjikistan, a indiqué le ministère kirghize de la Santé dans un communiqué. Le cessez-le-feu est entré en vigueur à 16h00. heure locale (12h00 France) vendredi, mais les gardes-frontières kirghizes ont rapidement accusé l’armée tadjike d’”ouvrir à nouveau le feu”. Dans la soirée, ils ont jugé la situation “tendue”, assurant toujours “la répulsion des attaques de l’ennemi” qui bénéficie de renforts “en matériel lourd et en voitures”. Leurs homologues tadjiks ont réagi dans un communiqué, dénonçant “des tirs du côté kirghize” en direction de “trois villages du Tadjikistan”. Lire aussiAvec des combattants biélorusses défendant l’Ukraine en attendant de libérer leur pays de la dictature

Signe d’escalade

Lors de leur rencontre, les présidents du Kirghizistan et du Tadjikistan avaient pourtant appelé leurs troupes au cessez-le-feu, premier signe de désescalade après plusieurs heures de violents combats à la frontière. Japarov et Rakhmon ont convenu de “créer une commission pour enquêter sur la cause des incidents”, soulignant l’importance de résoudre leurs différends “par des moyens politiques et diplomatiques”, a rapporté l’agence de presse tadjike Khovar. Alors que des affrontements ont régulièrement lieu à la frontière entre ces deux ex-républiques soviétiques, impliquées dans des conflits territoriaux depuis de nombreuses années, les dernières violences ont marqué une nette détérioration. La Russie a exprimé sa “préoccupation” vendredi. Le président russe Vladimir Poutine a qualifié la situation de « tendue ». Selon Bichkek, les forces tadjikes ont bombardé vendredi la ville kirghize de Batken, située près d’une zone contestée entre les deux pays. Le ministère kirghize de la Santé a déclaré que 87 personnes avaient été hospitalisées vendredi, selon un nouveau décompte.

19 000 personnes ont été évacuées

Le Comité d’Etat kirghize pour la sécurité nationale a déclaré vendredi matin que des affrontements “intenses” et “violents” avaient lieu dans la zone frontalière, accusant le Tadjikistan de “bombarder le territoire kirghize avec tout son arsenal disponible”. Il a cité l’utilisation “d’armures lourdes, de lanceurs de missiles multiples et d’aviation” par le Tadjikistan. “Le Kirghizstan n’a pas traversé la frontière, tout a commencé quand (les Tadjiks) sont entrés sur notre territoire”, a plaidé dans la soirée le chef de la commission, Kamtchybek Tachiev. Lire aussi Jean-Christophe Buisson : “L’Arménie a encore frappé : jusqu’où ira le bellicisme d’Aliev ?” Les habitants de plusieurs villages frontaliers ont fui la zone des combats, a déclaré le ministère kirghize des situations d’urgence, provoquant le déplacement de dizaines de milliers de personnes. La branche locale du Croissant-Rouge a déclaré qu’au moins 19 000 personnes vivant près de Batken avaient été évacuées. Douchanbé a accusé les forces kirghizes d’avoir ouvert le feu tôt vendredi aux points de passage frontaliers tadjiks, sans faire immédiatement état de victimes. Les affrontements entre les deux pays au début de la semaine ont fait deux morts et plusieurs blessés parmi les gardes-frontières tadjiks des deux côtés. La frontière entre le Tadjikistan et le Kirghizistan est le théâtre d’affrontements meurtriers réguliers. Près de la moitié des 970 km de frontière commune est contestée et les progrès en matière de démarcation ont été lents ces dernières années. L’année 2021 a vu un nombre sans précédent d’affrontements entre les deux camps, avec plus de 50 morts et faisant craindre un élargissement du conflit.