Le ciel s’assombrit soudain sur la mairie de Saint-Etienne. Le vent se lève. La pluie. Grêle. Il ne manquait plus qu’une véritable tempête, après la tempête politico-juridique. Près de 200 personnes sont venues manifester, mercredi 14 septembre, devant une mairie en ébullition. La veille, l’édile, Gaël Perdriau, avait été placé en garde à vue pendant quelques heures par la police judiciaire (PJ) de Lyon. Dans le carré multipliez les « Perdriau démission ». “Pour ça; demande un passant. Le résumé de l’affaire continue : Gilles Artigues, ancien premier adjoint au maire des Républicains (LR) et figure locale de l’Union des démocrates et des indépendants (UDI), affirme avoir été victime d’un chantage intime par vidéo pendant huit ans organisé par un autre Député, Samy Kefi-Jérôme et son associé d’alors, Gilles Rossary-Lenglet. Selon les confidences de ce dernier à Mediapart, qui a révélé l’affaire, l’opération aurait été parrainée par le maire Gaël Perdriau et son directeur de cabinet, Pierre Gauttieri – qui tous deux démentent. Une caméra aurait été placée dans une chambre d’hôtel parisienne pour filmer Gilles Artigues à son insu alors qu’il se faisait masser par un garçon de service. Lire aussi : Chantage à Saint-Etienne : “Mediapart” publie des enregistrements du maire Gaël Perdriau et de son directeur de cabinet
La vidéo, qui a été montée, aurait ensuite servi à « brancher » politiquement Gilles Artigues, aux positions conservatrices et très impliqué dans la communauté catholique. Cependant, selon les déclarations de Rossary-Lenglet, lui et son partenaire d’alors ont été payés via des subventions virtuelles à deux clubs. La justice a désormais le scandale : le parquet de Lyon a ouvert une information judiciaire pour “atteinte à la vie privée, extorsion aggravée, détournement de bien public par personne chargée d’une fonction publique, abus de confiance et recel de ces délits”, à la suite d’une plainte de Gilles Artigues. Cinq personnes – Perdriau, Gauttieri, Rossary-Lenglet, Kefi-Jérôme et le directeur de cabinet adjoint – ont été placées en garde à vue mardi 13 septembre. Le lendemain ont suivi ceux des représentants des deux clubs. Sans oublier les enquêtes : mairie, maisons, locaux du club…

Colère et dégoût

Qui, à Saint-Etienne, n’a pas écouté et réécouté les enregistrements publiés lundi par Mediapart ? On entend Gaël Perdriau dire qu’il est prêt à divulguer la vidéo « effrontément » aux « petits cercles » et parler d’une « exécution ». Son directeur de cabinet, Pierre Gauttieri, se dit “sans foi ni loi” et menace d’envoyer la vidéo aux parents d’élèves des écoles pour enfants de Gilles Artigues. “Si le fait que j’aille en taule te fait craquer pour passer pour une vieille pédale au retour, je n’ai aucun problème”, tonne la voix de Pierre Gauttieri. La surprise et les doutes avant les premières révélations, fin août, ont été suivis de colère et de dégoût. Vous avez lu 73,17% de cet article. Ce qui suit est réservé aux abonnés.