Posté à 6h00
Mathieu Perreault La Presse
orphelins
Plus de dix millions d’enfants ont perdu un certain nombre de parents (tels qu’un grand-parent, un oncle ou une tante) et 7,5 millions ont perdu un père ou une mère. C’est le constat frappant de l’étude publiée dans la revue JAMA Pediatrics début septembre. “Les pays pauvres ou émergents sont plus touchés, même s’ils ont proportionnellement moins de décès dus à la pandémie, car ils ont un taux de fécondité plus élevé”, explique l’auteur principal de l’étude, Joël-Pascal N’Konzi, de l’Institut africain des sciences mathématiques. à Kigali. L’équipe internationale de M. N’konzi a publié ses conclusions plus tôt cette année dans le Lancet.
Les leçons du sida
Le groupe de M. N’konzi vient du travail avec les orphelins du SIDA. “Nous avons vu que les orphelins du sida sont souvent plus exposés à l’éducation préscolaire et aux problèmes de comportement”, explique le sociologue rwandais. Ainsi, des programmes ont été mis en place pour remplacer le revenu manquant des parents par des visites familiales et parfois une thérapie. Une différence importante est l’ampleur du phénomène. Le COVID-19 cause moins de décès dus au sida en Afrique, note Elena Grigorenko, une psychologue de l’Université de Houston qui a publié une étude de 2020 sur les orphelins du sida dans les Annals of Behavioral Medicine. L’autre élément important est la stigmatisation. “Avec le sida et Ebola, les orphelins sont souvent stigmatisés car ce sont des maladies effrayantes”, explique Cécile Rousseau, psychiatre à l’Université McGill. « Je participe à un projet de recherche canadien sur les orphelins d’Ebola et de la COVID-19 au Congo. » PHOTO KARENE-ISABELLE JEAN-BAPTISTE, DOSSIERS SPÉCIAUX DE COOPÉRATION Cécile Rousseau, psychiatre de l’Université McGill
Canada et États-Unis
Parmi les pays les plus durement touchés par le phénomène des orphelins du COVID-19 figurent les États-Unis, un pays qui n’a pas été touché par le même phénomène du sida ou d’Ebola. “A priori, les systèmes de protection de l’enfance sont plutôt bons, donc il ne devrait pas y avoir le même problème qu’en Afrique”, estime Mme Grigorenko. Cela dit, les chiffres des orphelins du COVID-19 sont modélisés, contrairement aux orphelins du SIDA, alors soyez prudent. Les États-Unis comptaient neuf fois plus d’orphelins du COVID-19 par habitant que le Canada (2 000 contre 149 000 orphelins au total).
Garçons et filles
Les études sur les orphelins du SIDA montrent que les garçons bénéficient plus que les filles des programmes de suivi familial. Pourquoi ? Et cela pourrait-il également arriver avec les orphelins du COVID-19 ? “Cela n’existe pas dans notre étude sur le Congo”, explique le Dr Rousseau. Probablement en raison de facteurs de protection pour les filles, un plus grand engagement en raison de leurs rôles sociaux en tant que soignantes. Cependant, le Dr. Rousseau note que les filles sont généralement plus touchées que les garçons par le SSPT et la dépression.
deuil
Bien que le Canada n’ait pas eu autant d’orphelins de la COVID-19, la perte de grands-parents ne doit pas être ignorée. “Le processus de deuil, tout comme le salon funéraire et les rassemblements, a été perturbé”, explique le Dr Rousseau. Parfois, nous pouvions accomplir des rituels à distance, mais dans plusieurs cas, les enfants n’étaient pas accompagnés. Ces rituels sont nécessaires pour que l’enfant ne soit pas effrayé par la mort, pour garder le positif du grand-père perdu. Le deuil compliqué, quasiment impossible à faire, dure dans le temps et peut se reproduire à l’adolescence. »
La pandémie et les enfants
La recherche sur les orphelins du SIDA fait écho au débat plus large sur l’impact des mesures sanitaires sur les enfants. « À l’automne 2021, nous avons eu un conférencier britannique à la conférence de l’Association canadienne de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent qui a conclu qu’il ne fallait pas fermer les écoles », explique le Dr Rousseau. Et ce n’est pas seulement une question de socialisation et de scolarisation. Une étude que nous avons faite auprès de familles montréalaises a démontré que pour certaines familles, il y avait un effet mesurable de la pandémie, avec le télétravail, qui permettait aux parents de passer plus de temps avec leurs enfants. Mais dans les familles dysfonctionnelles, les enfants n’avaient pas la protection de l’école et des grands-parents. »
apprendre encore plus
115 000 Nombre estimé de décès dus au COVID-19 en Afrique en 2021 SOURCE : Organisation mondiale de la santé 420 000 Estimation du nombre de décès dus au sida en Afrique en 2021 SOURCE : Organisation mondiale de la santé 2500 Estimation du nombre d’orphelins de la COVID-19 au Canada SOURCE : LA LANCETTE 149 000 Nombre estimé d’orphelins du COVID-19 aux États-Unis SOURCE : LA LANCETTE
SOURCE : Organisation mondiale de la santé
420 000 Estimation du nombre de décès dus au sida en Afrique en 2021
SOURCE : Organisation mondiale de la santé
SOURCE : LA LANCETTE
149 000 Nombre estimé d’orphelins du COVID-19 aux États-Unis
SOURCE : LA LANCETTE