SAMEER AL-DOUMY / AFP Marine Le Pen (ici à Hénin-Beaumont le 11 septembre), Éric Ciotti ou encore Nadine Morano ont réagi à la proposition d’Emmanuel Macron pour une meilleure répartition des étrangers dans les zones rurales. POLITIQUE – Quand le Rassemblement National, Reconquête ! et les républicains parlent exactement la même langue. Lors d’une réunion avec les préfets qu’il a organisée jeudi 15 septembre, Emmanuel Macron a annoncé un projet de loi sur l’asile et la migration pour 2023. “Nous avons une politique à la fois inefficace et inhumaine. Inefficace parce qu’on se retrouve avec plus d’étrangers en situation irrégulière que beaucoup de nos voisins, inhumain parce que cette pression fait que très souvent ils ne sont pas acceptés”, a justifié le chef de l’Etat, qui, dans ce contexte, demande une meilleure répartition des étrangers accueillis sur le territoire, notamment dans les « zones rurales en dépeuplement ». Des zones où “on va devoir fermer des classes, éventuellement des écoles et des collèges” et où “leurs conditions d’accueil seront bien meilleures que si on les mettait dans des zones déjà densément peuplées”.

“Grand remplacement”

Une proposition qui a fait hurler la droite et l’extrême droite, rivalisant de positions destructrices. “Emmanuel Macron veut répartir les étrangers en situation irrégulière dans les zones rurales. Nous pensons qu’ils devraient retourner chez eux. Incapable de faire appliquer la loi, il veut la changer”, s’est inquiétée Marine Le Pen sur Twitter, sans préciser que lors de la même réunion le chef de l’Etat a également promis d’”améliorer l’efficacité des politiques de renouvellement”. Même réaction outrée d’Éric Zemmour. “Emmanuel Macron le dit haut et fort : le Grand Remplacement est pour lui une nécessité”, a ajouté le fondateur de Reconquête ! sur le même réseau social, évoquant la théorie complotiste et xénophobe popularisée par Renaud Camus. Une déclaration partagée, et exactement dans les mêmes termes, par l’eurodéputée LR Nadine Morano. Le grand remplacement orchestré par l’Etat ! – Nadine Morano (@nadine__morano)
Voir le tweet Plaçant les questions culturelles au centre de sa campagne présidentielle républicaine, Éric Ciotti est également monté au créneau. « Vouloir déplacer les problèmes d’immigration vers les zones rurales est une hérésie et une lâcheté. Macron poursuit son projet de déconstruction de la Nation”, s’est exclamé le député des Alpes-Maritimes, qui appelle à la fin de “l’immigration de masse”. Réaction explosive chez son rival à la présidence LR, Bruno Retailleau. “Dans le monde merveilleux d’Emmanuel Macron, l’immigration n’est jamais un problème. Toutes les régions doivent pouvoir en profiter”, a déclaré le sénateur de la Vaude.

Bien ancré dans la politique d’accueil de la France

A noter que l’idée évoquée par le chef de l’Etat n’est pas (du tout) nouvelle. En janvier 2016, Bernard Cazeneuve, alors ministre de l’intérieur, adresse une note aux préfets de région expliquant que l’Etat cherche à “assurer une meilleure répartition territoriale de l’offre de logements dédiée aux demandeurs d’asile”. Comme ces chercheurs le notent dans une étude du European Journal of International Migration, il s’agit en fait d’une constante. “L’institutionnalisation du système d’accueil en France au milieu des années 1970 s’est d’emblée appuyée sur un double principe de concentration et d’étalement des centres d’accueil sur l’ensemble du territoire guidé par deux critères : la concentration des populations étrangères et la situation économique du territoire en question. », soulignent-ils, précisant que « les communautés rurales ont ainsi rejoint l’accueil des réfugiés dès le début ». A cette époque, c’était la droite qui était au pouvoir. Voir aussi sur Le HuffPost : Vous ne pouvez pas voir ce contenu car vous avez refusé les cookies liés au contenu de tiers. Si vous souhaitez voir ce contenu, vous pouvez modifier vos préférences.