Les usines du groupe transforment 500 variétés de légumes de 73 000 hectares en conserves et surgelés. “L’entreprise Bonduelle a toujours innové dans la production, le conditionnement et la publicité à une époque où ce n’était pas courant pour l’alimentation”, salue Christiane Lambert, la patronne de la FNSEA, principale association agricole française.
“Son nom et son prénom signifieront toujours quelque chose dans le Nord”
Depuis l’annonce de son décès, les hommages affluent pour saluer l’action de cette figure emblématique du Nord, 5e génération d’une famille qui a créé et développé l’une des pépites de l’agroalimentaire français. “C’était un génie, qui avait des idées qui pouvaient sembler démesurées, mais qui étaient en fait visionnaires”, a déclaré Xavier Bertrand, président (LR) de la région Hauts-de-France, joint par téléphone. « Il a joué un rôle clé dans notre région, aux côtés de Pierre Mauroy (personne du Parti socialiste et maire de Lille de 1973 à 2001), pour redonner espoir alors que la situation économique était très difficile. » Président de Bonduelle de 1985 à 1994, avant de prendre la tête du Conseil de Surveillance, il a ensuite dirigé l’Association pour la Promotion Internationale de la Métropole (APIM) et la Commission du Grand Lille. Alors que les grands patrons du Nord sont généralement connus pour leur extrême discrétion et leur manque de goût pour les médias, Bruno Bonduelle n’a pas hésité à prendre le devant de la scène avec un seul objectif : mettre la ville de Lille et sa région, dans laquelle il était viscéralement attaché, à la lumière. “Son nom et son nom signifieront toujours quelque chose dans le Nord”, affirme Xavier Bertrand.
“C’était un informel notoire, qui osait dire tout haut ce que personne n’osait penser tranquillement”
« Bruno avait une vision d’avenir, c’était un homme rassembleur, pas du tout conventionnel. J’ai vu peu d’hommes de son âge avoir un tel désir de convaincre. Il a été un énorme booster pour la métropole lilloise », se souvient Bertrand Gérard, le maire (LR) de Marcq-en-Barœul où est décédé Bruno Bonduelle. Martine Aubry, maire (PS) de Lille depuis 2001 a bien connu « cet homme aimé et original du monde financier ». “Nous parlions régulièrement, parfois intensément. Il pouvait m’appeler pour me soutenir ou me dire que ce que je faisais n’allait pas du tout », se souvient affectueusement l’édile. Très triste de vous annoncer la disparition de Bruno Bonduelle. Un homme de caractère, créatif, qui a mis sa détermination au service du développement de la métropole lilloise et du nord. pic.twitter.com/61l72nJ1ra – Martine Aubry (@MartineAubry) 16 septembre 2022 Maxence Brachet, son fidèle bras droit, l’a revu il y a dix jours. “C’était un informel notoire, qui osait dire à haute voix ce que personne n’osait même penser tranquillement. C’était un esprit libre, avec cet œil toujours bouclé et rieur », se souvient-elle avec émotion. “Il avait de grandes ambitions pour Lille. Il en parlait avec une véritable passion d’amour et aimerait que sa ville accueille les Jeux olympiques », ajoute-t-il en souriant. Maxence Brachet rapporte cette touchante anecdote : « Un jour lui et Pierre Mauroy plaisantaient sur leur dernière demeure et Mauroy lui dit : Si tu veux, je te ferai de la place dans mon caveau, et nous pourrons voir la métropole ensemble, pour l’éternité. Bruno Bonduelle, qui avait perdu son fils Jérôme, 51 ans, décédé dans un accident de vélo en 2020, sera inhumé à Renescure (Nord), la commune où il est né en 1933, berceau de l’entreprise fondée en 1853.
Le développement de leur activité a épousé celui des nouveaux modes de consommation
Il a 14 ans lorsque la première boîte de petits pois portant son nom sort de l’usine familiale. Les légumes n’apparaissent qu’en 1925. Avant cela, les Bonduelle et leurs associés Lesaffre-Roussel avaient créé une distillerie puis une malterie. Au début du XXe siècle, les héritiers se répartissent les activités : le groupe Lesaffre, de son côté, devient un acteur mondial de la levure. Cherchant à se diversifier, les Bonduelle choisissent de se tourner vers la conserverie en cultivant leurs propres conserves de pois. Le développement de leur activité a épousé celui de nouveaux modes de consommation. A la fin des années 1960, la famille mise sur les surgelés, déjà très développés aux Etats-Unis mais inconnus en France. Le succès est immédiat. L’acquisition de Cassegrain, son principal concurrent français, emmené par Bruno Bonduelle en 1989, conforte la position de leader du groupe, qui clôture l’exercice 2022 (au 30 juin) avec un chiffre d’affaires de 2,9 milliards d’euros. En 1853, lorsque Louis-Antoine Bonduelle et Louis Lesaffre-Roussel s’associent, c’est dans le but « d’installer leurs fils aînés à la sortie du collège », rapporte la Voix du Nord. Si le PDG, Guillaume Debrosse, nommé en 2018, est un cousin par alliance, le conseil est présidé par Christophe Bonduelle, le neveu de Bruno. Le pari des fondateurs est satisfait avec cette sixième génération à la tête de l’entreprise : elle devra faire face à de nouveaux défis posés par la sécheresse et la hausse des prix de l’énergie.