“J’ai été à beaucoup de Prides, mais celle-ci est un peu plus stressante que les autres”, a déclaré à l’AFP la mannequin et militante Yasmin Benoit. “Je viens du Royaume-Uni où tout le monde est plus uni et où c’est plus commercial (…) Mais ici, ça devrait vraiment être une Pride”, a-t-elle ajouté, faisant référence à la société de combat au début du mouvement. “Nous nous battons pour l’avenir de ce pays”, a résumé Luka, un manifestant serbe. Malgré l’interdiction, les manifestants ont pu marcher quelques centaines de mètres sous la pluie entre le Conseil constitutionnel et un parc voisin, un parcours beaucoup plus court que la marche des fiertés initialement prévue.
groupes de contre-manifestants
D’importants policiers anti-émeute ont été déployés autour du rassemblement et ont repoussé de petits groupes de contre-manifestants brandissant croix et insignes religieux, selon des journalistes de l’AFP. Le ministère de l’Intérieur avait également interdit les contre-manifestations, mais dans les forums de discussion d’extrême droite, les utilisateurs avaient juré de protester contre Pride. Selon le ministère, 31 personnes ont été arrêtées. Les autorités n’ont pas précisé de qui il s’agissait, mais des reporters de l’AFP ont vu plusieurs contre-manifestants se faire arrêter. Selon la chaîne de télévision N1, il y a eu des affrontements entre la police et des contre-manifestants, ces derniers ont lancé des fumigènes sur les forces de l’ordre, dont de nombreux véhicules ont été endommagés. L’interdiction de la marche avait provoqué un tollé parmi les ONG de défense des droits. C’est une “tradition honteuse et une sanctification tacite de l’intolérance et des menaces de violence illégale”, selon Graeme Reid, directeur du programme des droits LGBTQ+ à Human Rights Watch. La Serbie subit d’intenses pressions internationales : plus de 20 ambassades, dont celles des États-Unis, de France, d’Allemagne et du Japon, l’ont appelée dans un communiqué commun à revenir sur sa décision.
La Serbie est candidate à l’adhésion à l’UE
La Serbie est candidate à l’adhésion à l’UE depuis une décennie, mais les États membres ont exprimé des inquiétudes quant à son bilan en matière de droits de l’homme au fil des ans. Le mariage homosexuel n’est pas légal dans ce pays de moins de sept millions d’habitants, où l’homophobie est bien ancrée malgré les progrès contre les discriminations. Les marches des fiertés de 2001 et 2010 ont été ciblées par l’extrême droite et entachées de violence. Depuis 2014, Pride se déroule sans incidents notables, mais sous haute protection policière. Le week-end dernier, des milliers de personnes, gangs de motards, prêtres orthodoxes et nationalistes d’extrême droite, sont descendus dans la rue pour demander l’annulation du défilé. “Je suis ici pour préserver les traditions, la foi et la culture serbes qui sont détruites par les sodomites”, a déclaré samedi à l’AFP Andrej Bakic, 36 ans, contre-manifestant et membre d’un groupe encerclé par la police.