Posté à 5h00
Ariane Lacoursière La Presse
Lorsqu’il a pris la tête du CHUM en 2015, le Dr. Brunet dirige rapidement le transfert des trois anciens hôpitaux (Saint-Luc, Notre-Dame et Hôtel-Dieu) vers un seul emplacement au centre-ville. Maintenant, il se réjouit de voir que les groupes s’identifient au CHUM et non plus aux anciens hôpitaux pour lesquels ils travaillaient. “Vous ne pouvez pas créer de synergie entre les gens s’ils n’ont pas le sentiment d’appartenir à l’entité pour laquelle ils travaillent”, dit-il. Lors de son arrivée au pouvoir, le CHUM venait de traverser des années houleuses. Dr. Brunet est devenu le troisième PDG en trois ans à la tête de l’institution. Dans l’ensemble, le mandat du Dr. Brunet se caractérise par une relative stabilité, malgré la pandémie et un déménagement important. Comment a-t-il réussi à créer ce calme ? Le problème, parfois, c’est qu’on essaie de mettre en place des solutions à travers une vision hiérarchisée qui ne correspond pas toujours à la réalité et aux besoins du terrain. […] Nous faisons le contraire. Nous proposons des solutions qui définissent le domaine par rapport à ses propres besoins. Il n’y a pas de secret. Il faut écouter les gens. Dr Fabrice Brunet, PDG sortant du CHUM Le Dr Brunet est connu pour passer beaucoup de temps à l’hôpital. « Elle travaille tous les quarts de travail et est à l’écoute de tout le monde », note Irène Marcheterre, directrice des communications du CHUM. Dr. Brunet ajoute qu’il est également honoré de toujours informer ses équipes de l’évolution des dossiers, même si une demande du terrain ne peut être satisfaite. “Si vous écoutez juste, mais que rien ne change, ou que les gens ne suivent pas, ils pensent qu’ils sont entendus, mais c’est une méthode de gestion…” S’il ne sait toujours pas qui va lui succéder, le Dr. Brunet dit n’avoir aucun conseil à donner à son successeur ou à son successeur car il “ne donne pas de cours”. « Ce que j’ai fait, c’est respecter les autres et défendre mes valeurs : ce qu’il y a de mieux pour les patients et la population. »
L’environnement, la prochaine crise
Le Québec est toujours « dans une crise sanitaire qui n’est pas terminée » avec la COVID-19, mais « ce n’est que le début », prévient le Dr Brunet. “Des crises sanitaires à répétition, il y en aura”, a-t-il dit. Les crises climatiques arrivent. Ça brûle partout. Il y aura des mouvements de population, des guerres. Le système de santé sera mis à l’épreuve et nous devons nous y préparer. » Dr. Brunet affirme que le CHUM vise la neutralité carbone d’ici 2040. PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE Dr Fabrice Brunet, ancien PDG du CHUM Si on n’est pas neutre en carbone, si on continue comme ça, les crises climatiques vont s’aggraver, les maladies liées à l’environnement vont s’aggraver, donc on est en train de construire les malades de demain. Cette prise de conscience doit être faite maintenant [car sinon les besoins ne feront] seulement augmenter, augmenter, augmenter. Dr Fabrice Brunet, PDG sortant du CHUM Comme l’ensemble du réseau, le CHUM n’est pas à l’abri d’une pénurie de personnel. Mais une fois arrivé au CHUM, le Dr. Brunet a ordonné à ses équipes de ne pas utiliser les “heures supplémentaires obligatoires” (TSO). “Cela n’a pas de bon sens du point de vue de la gestion, du point de vue des personnes et du point de vue de la qualité des soins”, dit-il. Dr. Brunet a « retiré TSO de la boîte à outils des gestionnaires ». Changer “a pris du temps”. Mais ce TSO est maintenant à zéro au CHUM, selon Dr. Brunet. D’autres outils ont été développés, comme les « heures supplémentaires programmées » ou des équipes d’astreinte rémunérées qui peuvent être disponibles en cas de besoin. “Vous pouvez faire beaucoup de choses, mais il faut de la réflexion et de la volonté pour le faire”, dit-il.
Vers le District de l’Innovation Santé
Le nouveau CHUM, entièrement livré en 2021, a été construit en partenariat public-privé. Le contrat est tellement structuré que lorsque le CHUM veut effectuer des rénovations, le coût des travaux est souvent plus élevé que pour un hôpital conventionnel. Mais le Dr. Brunet assure que la coopération avec le partenaire privé s’est “beaucoup améliorée” ces derniers temps. Bien sûr, certaines rénovations « coûtent encore plus cher ». Mais “il y a une vision de plus en plus partagée”, dit-il. Depuis janvier, le Dr. Brunet prendra le plein emploi du nouveau Quartier de l’innovation en santé (QIS), dont le bâtiment principal est à deux pas du CHUM. QIS réunira des institutions et des entreprises qui souhaitent “mettre en œuvre des innovations qui répondront aux besoins de l’espace”. Financé par diverses sources publiques et privées, QIS sera également en contact avec d’autres entités similaires à travers le monde. “Nous voulons être une force de réflexion et de propositions concrètes. Pas quelque chose qui ne sera que théorique », explique le Dr. Brunet. Pour lui, il est “complètement faux” de dire que le secteur de la santé n’innove pas. “Au contraire, nous sommes un environnement en constante évolution. Mais aussi les besoins des patients changent constamment et c’est comme s’ils rattrapaient leur retard. Le but de QIS sera d’essayer d’être en avance. »