“Je pensais moi-même qu’il était impossible d’en sortir, que cela m’avait brisé à jamais et que je ne pourrais plus jamais rien faire car j’étais victime d’exploitation sexuelle. J’ai été obligée de coucher avec plus de dix hommes par jour pendant un moment, mais il est possible de s’en sortir et d’aspirer à une vie meilleure”, confie-t-elle dans une interview. La femme de 29 ans a vécu cachée derrière le pseudo Lau Ga pendant plus de deux ans, craignant les représailles de son bourreau. En avril dernier, à l’issue du procès, son proxénète est finalement allé en prison. Les événements nécessitant une longue période de traitement sont encore relativement récents. Fonctionnaire du Parti libéral du Québec, elle a néanmoins accepté de faire campagne dans son coin de pays, une circonscription historiquement impopulaire auprès des libéraux. La dernière victoire du PLQ dans cette circonscription remonte à 1973. Mais Tricia Murray ne veut plus se cacher. Si certaines « peurs » subsistent à cause des traumatismes qu’elle a subis, la candidate nie que la peur domine son être. « J’ai arrêté de vivre pendant presque trois ans parce que j’avais peur. (Quand) il a été libéré après son arrestation, ils m’ont dit de me cacher, de ne pas dire où j’habite, de ne pas donner mon nom, de ne pas donner mon adresse, et je ne veux plus être caché, a-t-il dit. . (J’ai vécu) dans la clandestinité parce que le système judiciaire n’est pas assez dur ou parce que le système ne protège pas les victimes. Non, ce n’est pas à nous de rester cachés ! » Elle veut que son histoire serve la cause des victimes d’exploitation sexuelle, dont le parcours est semé d’embûches même après avoir dénoncé leur proxénète. Sortie de l’ombre et maintenant sous les projecteurs, la future députée est consciente des risques accrus de rencontrer d’anciens clients que son proxénète l’a forcée à voir. De plus, ce genre de mauvaises rencontres s’est déjà produit. ” La première fois [j’ai vécu ça] très difficile d’être honnête, dit-il. Mais j’ai beaucoup grandi à partir de ça, je n’ai pas à avoir honte qu’ils aient commis un acte criminel. […] Je n’ai rien fait de criminel et ils ont profité de moi, j’ai été forcé de le faire et ils ont acheté mes services à plusieurs reprises exprès. » Tricia Murray veut maintenant être la voix des électeurs du Lac-Saint-Jean à l’Assemblée nationale.