“Je pourrais tourner le dos, minimiser les événements et attendre que la tempête passe”, a écrit Adrien Quatennens dans un long communiqué. “Mais parce que je suis politiquement responsable et que je veux donner un exemple auquel je veux m’imposer et qui a toujours été ma ligne de conduite, j’en tire les conséquences politiques.” Il se met “à la retraite” de sa fonction de coordinateur de La France insoumise (LFI). Cette affaire relance les débats à gauche sur le traitement, au sein des partis, des violences faites aux femmes et provoque de nombreuses réactions chez les Nupes.

LFI réitère « son engagement contre les violences sexistes et sexuelles »

Dans un communiqué publié dans la journée, LFI réagit à ce retrait. “Cette décision, dont nous nous félicitons, a été prise en concertation avec les principes du mouvement et les dispositions nécessaires suivront pour la bonne animation de notre mouvement”, a indiqué la formation politique. Invitée de l’émission “Grand Jury RTL – Le Figaro – LCI”, Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale, s’est félicitée d’une décision “juste et sage” de la part d’Adrien Quatennens. Une décision “substantielle compte tenu des faits qu’elle a reconnus”, selon le député LFI William Martinet. “Le retrait d’Adrien était nécessaire”, a tweeté le député Insoumis Christophe Bex, dont “le soutien va à Céline Quatennens”. Dans son communiqué, LFI a réitéré son “engagement indéfectible dans la lutte contre les violences faites aux femmes”. Le parti, qui se veut à la pointe sur ces questions, a ainsi rappelé “l’existence d’un comité de suivi contre les violences sexistes et sexuelles toujours disponible pour écouter la voix des femmes”. Sur franceinfo, la députée rebelle Raquel Garrido a également insisté pour aborder les questions de sexisme et de violences sexuelles au sein du mouvement. “La personne importante ici, c’est Céline Quatennens, a-t-elle dit. Il faut montrer qu’on a écouté ce qu’elle a dit. Au point qu’Adrien Quatennens recule.” Selon le député de la 5e circonscription électorale de Seine-Saint-Denis, c’est la culture de LFI vis-à-vis de ces questions qui a motivé “l’exercice de transparence absolue” du député du Nord, apportant la “preuve” que “la question les violences sexuelles et basées sur le genre sont prises très au sérieux.” Adrien Quatennens : “Je n’ai jamais vu un homme politique faire un exercice de transparence totale sur les événements de violences conjugales”, salue Raquel Garrido pic.twitter.com/oAgTTrdaAa — franceinfo (@franceinfo) 18 septembre 2022 “Notre mouvement est celui de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Mes pensées vont à toutes les femmes qui aspirent à leur liberté”, a écrit sur Twitter la députée du 11e arrondissement de Paris, Clémentine Auten, le jugeant “juste et inéluctable”. retrait d’Adrien Quatennens. Décision juste et inéluctable d’Adrien Quatennens de se retirer de ses responsabilités #LFI. Notre mouvement est celui de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Mes pensées vont à toutes les femmes qui aspirent à leur liberté. — Clémentine Autain (@Clem_Autain) 18 septembre 2022

Le soutien de Jean-Luc Mélenchon à Andrien Quatennens fait scandale

Dans un tweet publié à la mi-journée, le chef de file des Insoumis, Jean-Luc Mélenchon, a pour sa part mis en cause “les brutalités policières, le voyeurisme médiatique, les réseaux sociaux” qui se sont “invités dans le divorce controversé d’Adrien et Céline Quatennens”, notamment avec le leaker existence de garde-corps. “Adrien décide de tout prendre sur lui. Je salue sa dignité et son courage. Je lui accorde ma confiance et mon affection”, a-t-il ajouté. Brutalités policières, voyeurisme médiatique, réseaux sociaux se sont invités au divorce controversé d’Adrien et Céline Quatennens. Adrien décide de tout prendre sur lui. Je salue sa dignité et son courage. Je lui dis ma confiance et mon affection. — Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) 18 septembre 2022 La formulation choisie a provoqué l’incompréhension de plusieurs alliés des Nupes, qui ont pointé la condamnation du contexte et non du geste reconnu par le député. “Ce tweet doit venir d’un autre monde”, a réagi la sénatrice écologiste Mélanie Vogel. “Un monde où Adrien Quatennens ne s’est pas contenté de publier un communiqué reconnaissant la violence, y compris la violence physique contre sa femme.” “La réaction de Jean-Luc Mélenchon est triste”, a renchéri Luc Broussy, président du conseil national du PS. “Donc tout le monde est coupable sauf celui qui a giflé sa femme”, s’est-il indigné, y voyant “l’incapacité” de Jean-Luc Mélenchon “à soutenir le leadership d’une gauche moderne, humaniste et féministe. La réaction de @JLMelenchon est triste. Donc tout le monde est coupable sauf celui qui a giflé sa femme. Le JLM montre une fois de plus son incapacité à soutenir le leadership d’une gauche moderne, humaniste et féministe. Cette gauche doit maintenant avancer sans lui – Luc Broussy (@LucBroussy) 18 septembre 2022 Dans la foulée de ces réactions, Jean-Luc Mélenchon a précisé sa position : “Céline et Adrien sont tous les deux mes amis. Mon affection pour lui ne signifie pas que je suis indifférent à Céline”, a-t-il écrit sur Twitter. “Elle ne voulait pas être mentionnée. Mais je le dis : une gifle, c’est inacceptable de toute façon. Adrien l’assume. C’est bien.” Céline et Adrien sont tous les deux mes amis. Mon affection pour lui ne signifie pas que je suis indifférent à Céline. Elle ne voulait pas être mentionnée. Mais je dis : une gifle est inacceptable dans tous les cas. Adrien accepte. C’est bien. — Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) 18 septembre 2022 La députée LFI Sofia Hikirou a également adopté un ton plus personnel. “Voilà le couple d’amis qu’on aime et qu’on déteste voir séparés. C’est le leader politique, Adrien Quatennens, que l’on admire pour son honnêteté et son altruisme. Laissez-les tranquilles maintenant !”

Sandrine Rousseau exhorte le député à se mettre “à la retraite de tout”

De son côté, la députée EELV Sandrine Rousseau a appelé Adrien Quatennens à aller plus loin et à se “retirer de tout discours public”, y compris à l’Assemblée. Invitée de Radio J, elle a déclaré qu’”il n’est pas possible de représenter des hommes et des femmes (…) quand on se rend coupable de tels actes. Maintenant, une décision doit être prise par le parti politique”, a ajouté l’élu. Mots répétés sur Twitter : “La justice doit parler et en attendant Adrien Quatennens doit tout reculer.” Revenant sur les gestes avoués par Adrien Quatennens, il a rappelé qu’”il y a des violences physiques et celle qui consiste à prendre le téléphone portable d’autrui. Les violences faites aux femmes prennent plusieurs visages. Aucun n’est acceptable”. Il y a les violences physiques et celles qui consistent à prendre le téléphone portable d’autrui. La violence à l’égard des femmes a de nombreux visages. Aucun n’est acceptable. La justice doit trancher et en attendant A. Quatennens doit tout cautionner. — Sandrine Rousseau (@sandrousseau) 18 septembre 2022