A la veille des funérailles de la reine Elizabeth II, le premier ministre canadien Justin Trudeau a refusé dimanche 18 septembre de rouvrir le débat constitutionnel sur le statut de la monarchie britannique, dont le souverain est automatiquement le chef de l’Etat canadien. “Pour moi, ce n’est pas une priorité. Ce n’est même pas quelque chose dont j’ai l’intention de discuter”, a déclaré le chef du gouvernement canadien dans une interview à Radio-Canada à Londres. “Apporter un changement aussi profond à un système qui est l’un des meilleurs, des plus stables au monde, pour moi, en ce moment, n’est pas une bonne idée”, a décidé M. Trudeau, déclenchant “un moment compliqué et compliqué”. Ancienne colonie britannique devenue indépendante en 1867, le Canada est une monarchie constitutionnelle dont le chef d’État est le souverain du Royaume-Uni. Charles III est maintenant officiellement “Roi du Canada”. Avec la mort d’Elizabeth II, le débat sur la place de la monarchie est relancé. Selon un sondage Ipsos réalisé pour Global News, 58 % des Canadiens veulent un référendum sur le maintien ou non de la Couronne. C’est une augmentation de cinq points en un an, selon ce sondage publié vendredi, qui révèle également que seulement 44 % des Canadiens disent avoir une opinion favorable de Charles III. A lire aussi : Cet article est pour nos abonnés Après la mort d’Elizabeth II, l’avenir incertain du Commonwealth

La reine, l’une de ses “personnes préférées au monde”

Au Parlement fédéral, les séparatistes québécois ont récemment appelé à rompre les liens avec la Couronne, tandis que l’opposition de gauche Nouveau Parti démocratique (NPD), sans en faire une priorité, veut l’abolition de la monarchie. Pour M. Trudeau, cependant, la monarchie constitutionnelle offre une « stabilité remarquable » pour notre époque. “C’est le genre de système qui fonctionne, à un moment où on voit nos institutions démocratiques et nos démocraties à travers le monde s’effondrer un peu”, a soutenu M. Trudeau, qui s’est entretenu samedi avec le roi Charles III. “Nous avons vécu les débats constitutionnels. Changer notre système de gouvernement, à tout moment, c’est difficile”, a souligné le Premier ministre canadien, évoquant notamment les deux référendums sur l’indépendance du Québec (1980 et 1995). Lui-même fils d’un premier ministre canadien, M. Trudeau a rencontré Elizabeth II à de nombreuses reprises depuis son enfance. Après sa mort, elle confia, les larmes aux yeux, que le souverain « était l’un des [s]personnes bien-aimées dans le monde » et que ses conseils « nous manqueront beaucoup ». À lire aussi : Article pour nos abonnés Décès d’Elizabeth II : le Canada pleure sa reine
Le monde avec l’AFP