Lors d’une interview télévisée diffusée dans la soirée du dimanche 18 septembre sur la chaîne CBS, le président américain Joe Biden a déclaré que les troupes américaines défendraient Taïwan en cas d’invasion chinoise. Interrogé par l’Agence France-Presse (AFP), un porte-parole de la Maison Blanche a toutefois confirmé dimanche soir que la politique des Etats-Unis à l’égard de Taïwan “n’a pas changé”. A la question de savoir si “les Américains défendraient Taïwan en cas d’invasion chinoise”, le dirigeant américain a répondu : “Oui, s’il y avait une attaque sans précédent”. Cependant, il a insisté sur le fait qu’il n’était pas là pour “encourager” l’île à déclarer son indépendance. “C’est leur décision”, a-t-il dit. La Chine considère Taiwan, avec une population d’environ 23 millions d’habitants, comme l’une de ses provinces, qu’elle n’a pas encore réussi à réunir avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949. En sept décennies, l’armée communiste Il n’a jamais été en mesure de conquérir l’île, qui est restée sous le contrôle de la République de Chine – le régime qui gouvernait autrefois la Chine continentale et ne gouverne plus que Taiwan. Joe Biden avait déjà provoqué la colère de Pékin en déclarant fin mai que les États-Unis interviendraient militairement pour soutenir Taïwan en cas d’invasion par la Chine communiste. Puis il est revenu, réaffirmant son attachement à “l’ambiguïté stratégique”, un concept délibérément vague qui a régi la politique des États-Unis à Taiwan pendant des décennies. Lisez aussi: La première aide militaire directe de Washington à Taiwan atteint une étape importante au Congrès

Très fortes tensions avec la Chine

Consistant en ce que Washington s’abstient de dire si les Etats-Unis interviendraient militairement pour défendre Taïwan en cas d’invasion, “l’ambiguïté stratégique” a jusqu’ici permis de maintenir une certaine stabilité dans la région. Washington pratique aussi une « one China policy » : les États-Unis ne reconnaissent officiellement qu’un seul gouvernement chinois, celui de Pékin. Mais, en même temps, ils se gardent de soutenir la position de Pékin selon laquelle Taiwan est une partie inaliénable d’une seule Chine qui sera un jour réunifiée. Les États-Unis estiment qu’il appartient à Pékin et à Taipei de trouver une solution, mais s’opposent à tout recours à la force pour modifier le statu quo. “Nous maintenons ce que nous avons signé il y a longtemps”, a déclaré Joe Biden lors de son entretien. Ses propos interviennent toutefois après un rapprochement majeur entre les États-Unis et Taïwan, à un moment où les relations entre Pékin et Washington sont à leur plus bas niveau depuis des décennies. Mercredi, un projet de loi prévoyant la première aide militaire directe des Etats-Unis à Taïwan a franchi une étape clé au Congrès américain. Quelques jours plus tôt, Washington avait annoncé une vente d’armes de 1,1 milliard de dollars à Taipei. Début août, une visite à Taïwan de la présidente de la Chambre Nancy Pelosi a également provoqué la colère de Pékin. La Chine avait alors entamé les manœuvres militaires les plus importantes de son histoire autour de l’île. Lire aussi : Article destiné à nos abonnés Taïwan tente d’adapter sa réponse aux manœuvres militaires chinoises

Ambiguïté pour une seconde candidature en 2024

Au cours de la même interview, le président américain a également annoncé la fin officielle de la pandémie. ” [Elle] c’est fini, on a toujours un problème avec le Covid, on travaille beaucoup sur ce dossier… mais la pandémie est finie », a-t-il déclaré à CBS. “Si vous regardez autour de vous, personne ne porte de masque et tout le monde a l’air vraiment bien”, a-t-il déclaré. « Je pense donc que cela est en train de changer. » Enfin, il a laissé planer le doute sur son éventuelle candidature en 2024, pour un second mandat. “Mon intention, comme je l’ai dit au début, c’est de me représenter”, a-t-il déclaré, avant d’ajouter : “mais ce n’est qu’une intention”, pas une “décision arrêtée”. Le plus vieux président jamais élu aux États-Unis, Joe Biden fêtera ses 80 ans le 20 novembre. Il aurait 82 ans au début d’un éventuel second mandat et 86 à la fin. Depuis son élection en novembre 2020, le président s’est pourtant présenté à plusieurs reprises à l’élection de 2024, indiquant qu’il choisirait à nouveau son actuelle vice-présidente, Kamala Harris, comme colistière. Lisez aussi: Joe Biden met l’accent sur les vaccins et annonce son intention de se présenter à nouveau en 2024
Le monde avec l’AFP