« Dites-le bien, il est hors de question de fermer nos stations ! Fabrice Boutet, PDG du groupe SATA, la société qui gère les domaines skiables de l’Alpe-d’Huez et des Deux-Alpes, en Isère, et de La Grave, dans les Hautes-Alpes, se veut rassurant. Quelques sorties dans les médias, début septembre, dont celle de l’administration de la région de Villard-de-Lans (Isère), expliquant que la flambée des prix de l’énergie menaçait l’ouverture de la station cet hiver, ont perturbé le monde de l’Or blanc.
Les centres de villégiature ont été confrontés à des appels alarmés de clients qui veulent s’assurer que leurs prochaines vacances ne sont pas en danger. Depuis, l’heure est à plus de subtilité et à un usage répété dans les discussions de la fameuse « sobriété ».
A lire aussi : Article destiné à nos abonnés Météo et “revanche des skieurs” profitent aux stations de ski françaises
Selon l’association France Montagnes, 10 millions de touristes visitent les stations de ski chaque hiver, la plupart dans les Alpes françaises, qui comptent un peu moins de 200 stations, la plus grande concentration du territoire national. Tous sont soumis à une délégation de service public, qui les oblige à considérer les remontées mécaniques comme un moyen de transport, au même titre que le bus ou le métro, et rend donc obligatoire leur ouverture. Et cela a un coût, qui est susceptible de monter en flèche à mesure que les prix de l’énergie augmentent.
“Notre facture passerait de 2 millions à 20 millions d’euros”
Alors que de nombreuses sociétés exploitantes ont un contrat de fourniture d’électricité jusqu’à au moins fin 2023, d’autres sont actuellement en pleine négociation. Ce serait entre 30% et 50% dans ce cas. SATA Group en fait partie, son contrat expire le 30 novembre. “Nous avons un chiffre d’affaires d’environ 100 millions d’euros”, explique Fabrice Boutet. Si nous prenons le cap de l’énergie aujourd’hui, notre facture d’électricité passerait de 2 millions à 20 millions d’euros. Nous ouvrirons quand même les gares, mais, évidemment, cette situation mettrait l’entreprise dans une position difficile. »
Les dernières annonces gouvernementales ne l’ont pas rassuré, lui qui attend toujours des précisions sur le bouclier tarifaire : « A quel niveau sera-t-il mis en place ? Pour quel type d’entreprise ? Imaginez qu’on ne puisse pas investir à cause de ces hausses de prix, alors que nous sommes en forte croissance, c’est toute l’industrie qui va en pâtir. »
Lire aussi Article destiné à nos abonnés A Courchevel, ou « Kourchevelovo » pour sa riche clientèle russe, la fête est finie
A Chamonix (Haute-Savoie), la Compagnie du Mont-Blanc, qui gère les régions Vallée de Chamonix et Megève, est dans une situation plus confortable : son contrat court jusqu’à fin 2023, au prix de 53 € le mégawatt. temps. « Nous étions des visionnaires… ou nous avons eu de la chance. En décembre 2021, EDF nous avait avertis du risque d’augmentation. Leurs conseils nous ont été précieux », déclare Mathieu Dechavanne, PDG de l’entreprise, qui dépense chaque hiver 2,5 millions d’euros en factures d’énergie (sur 68 millions d’euros de chiffre d’affaires).
Il vous reste 41,8% de cet article à lire. Ce qui suit est réservé aux abonnés.