Publié à 11h26
                Charles Lecavalier La Presse             

” Non. Pas du tout. On rajoute un office de la concurrence avec du mordant. Vous allez voir les prix baisser. […] Une fois que le Bureau de la concurrence commencera à faire son travail, vous verrez une baisse des prix, et cela veut dire de l’argent dans les poches des Québécois », a expliqué le chef Paul St-Pierre Plamondon lors d’un point de presse en septembre. avec les réservoirs d’hydrocarbures de la Pétrolière Impériale en arrière-plan. Le Parti Québécois veut taxer les profits excédentaires des compagnies pétrolières à 25% et estime qu’il fera 1 milliard dès l’an prochain. Il est basé sur la définition du groupe de pression Canadiens pour la justice fiscale, qui veut spécifiquement « transformer les bénéfices records du pétrole et du gaz en réductions de coûts pour les familles canadiennes ». Le calcul est le suivant : il compare sur 10 ans les gains de la meilleure moitié par rapport à la seconde. La marge entre les deux fait référence au bénéfice excédentaire, qui est considéré comme excessif par rapport à la moyenne historique de l’industrie. Cette année, ce profit excédentaire causé par la cupidité des pétrolières serait de 22 milliards de dollars au Canada. Le Parti québécois divise ce montant par cinq, puisque le Québec consomme 20 % des hydrocarbures du pays. Il frappe ensuite ce trésor avec une charge de 25 %.

Multinationales voyous

Pour justifier cette mesure fiscale, M. St-Pierre Plamondon invoque l’urgence. “L’une des principales sources d’inflation est l’inaction du gouvernement envers ces compagnies pétrolières”, a-t-il expliqué. À ces “multinationales voyous” qui “pompent” notre argent “dans des paradis fiscaux”, M. St-Pierre Plamondon oppose son “courage” et son “honnêteté intellectuelle”. “Il nous tient en otage”, a déclaré le chef du PQ. Lors du débat des chefs la semaine dernière, le chef de la CAQ, François Legault, a accusé M. St-Pierre Plamondon de proposer une taxe sur l’essence et l’a interrogé sur l’impact de cette mesure sur le prix à la pompe. Il estime que les compagnies pétrolières répercuteront cette taxe gouvernementale directement sur les automobilistes.

Aucun effet sur le prix

« Il me parlait de la taxe sur l’essence. Aucune taxe sur l’essence ajoutée. Cela n’a jamais été remis en question. J’ai répondu de manière très transparente. Il y aura une taxe sur les bénéfices excédentaires des compagnies pétrolières. Je lui ai répondu trois ou quatre fois. Il me parlait d’une taxe dont j’ignorais l’existence », a répondu M. St-Pierre Plamondon. Il a expliqué que la création d’un « Office québécois de la concurrence avec des lois qui ont du mordant » empêcherait ce réflexe. Rappelons, par exemple, que les distributeurs de carburant répercutent le prix du carbone imposé par le gouvernement du Québec directement aux consommateurs. “L’office fédéral de la concurrence est mou, incompétent et complètement indifférent à la question de la concurrence énergétique au Québec”, a-t-il dit, arguant que l’office de Québec saura briser cette “dynamique de surprofit et de vol à la pompe”. L’argent récupéré de cette mesure servira à financer la bonification du crédit d’impôt pour solidarité et le paiement par chèque de 1 200 $ pour les contribuables gagnant moins de 50 000 $ et de 750 $ pour ceux dont le revenu se situe entre 50 000 $ et 80 000 $. Il s’agit d’”équité fiscale”, a-t-il déclaré.

“Arrêt au stand”

Le chef du PQ a fait cette conférence de presse lors d’un très bref passage à Sept-Îles, dans la circonscription de Duplessis, que la coalition québécoise veut arracher au parti indépendantiste grâce à la femme d’affaires innue Kateri Champagne Jourdain. Il n’y a pas d’activités publiques ni de promenades. Il n’y avait pas non plus de militants pour l’accompagner à cette conférence de presse. La candidate Marilou Vanier a qualifié ce passage de “pit stop”, mais a déclaré qu’elle comprenait la difficulté d’une campagne nationale à se rendre dans des régions éloignées et à y rester pendant une période prolongée. Il précise également qu’il est le premier chef à diriger son entraîneur vers Baie-Comeau et Sept-Îles. M. St-Pierre Plamondon nie éviter les rassemblements dans une circonscription qui a toujours voté pour le Parti québécois depuis 1976 mais qui pourrait s’éclipser le 3 octobre : « Il n’y a rien qui nous empêche de revenir en arrière. Un deuxième débat s’annonce. Je voulais absolument venir à Sept-Îles pour la première fois pour montrer que Sept-Îles est importante, parlons-en [la promesse de construire un pont entre Tadoussac et Baie-Sainte-Catherine] ».