Que disent les victimes ?
Dans leur témoignage, les trois frères dénoncent des actes de maltraitance d’enfants dont ils seraient victimes. Les événements se seraient déroulés à la fin des années 1970, dans ce monastère de l’Hérault. Elles auraient été violées trois étés de suite entre 1978 et 1980. La première fois, elles avaient 8, 10 et 12 ans. Leur bourreau serait un vieux moine d’une trentaine d’années. Un homme est maintenant mort. L’aîné des frères explique qu’il a également été violé par un autre prêtre de l’établissement.
Quelles conséquences juridiques ?
Les trois frères ont porté plainte à la gendarmerie en 2008 et 2009. Mais avec la prescription, ces plaintes ont été classées sans suite. Tout récemment, le délai de prescription pour ce type de crime a été étendu à 30 ans, à compter de l’âge de la majorité. En 2008 et 2009, il n’avait encore que 20 ans. Par conséquent, les dommages subis ne peuvent jamais être légalement réparés. D’autant plus que les moines qu’ils nomment sont aujourd’hui décédés. Le plus jeune des frères a déposé une requête en forclusion. S’il était accepté, il permettrait une indemnisation par le fonds de garantie des victimes.
Quelle est la réponse du monastère ?
Contacté par Libération, l’actuel chef du monastère affirme croire les victimes, mais explique qu’il n’a décelé aucun de ces événements à l’époque, alors qu’il n’était pas le chef du monastère. En revanche, il explique au quotidien avoir eu connaissance de relations consensuelles entre les deux hommes avec d’autres mineurs. « Il n’était pas rare qu’ils aient des relations avec des adolescents. Généralement probablement 16 ans (…) Ces événements sont un abcès dans l’histoire de ce monastère, j’assume aujourd’hui. Je promets solennellement que rien de tout cela ne se reproduira”, a déclaré le journal.
Quelle est la réponse de l’Église orthodoxe ?
C’était immédiat. Dans un communiqué de presse, le métropolite Démétrius de France, chef de l’Église orthodoxe française, a exprimé sa “profonde horreur face aux atrocités qu’ils ont subies et aux souffrances qu’ils ont endurées depuis”. Le chef de l’Église orthodoxe de France, intronisé en septembre 2021, propose aux victimes, “si elles le souhaitent, de les rencontrer”. Il juge « leur discours (…) fondé » et le juge « bénéfique pour la recherche et l’établissement de la vérité. »
Quelles sont les conséquences au sein de l’Église orthodoxe ?
L’Église orthodoxe annonce le début d’une enquête interne. “C’est avec grand regret que nous constatons le manque de vigilance dont ces pédophiles ont alors pu profiter, se réclamant de faire partie de l’institution (…) qu’ils ont déshonorée”, poursuit le métropolite Dimitrios. « Nous nous engageons à mener sans délai une enquête ouverte et transparente sur ce monastère, son passé et son présent. De rester vigilant à tout nouveau cas qui pourrait survenir dans ce contexte ou dans tout autre relevant de notre autorité et de coopérer avec les pouvoirs publics. »